«Il doit encore penser que la France dispose d’un gouverneur général à Alger»: une élue écologiste attaque Retailleau dans un journal algérien

Alors que les relations entre Paris et Alger traversent une nouvelle zone de turbulences, la députée écologiste Sabrina Sebaihi, d’origine algérienne, s’en prend ouvertement au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau dans un entretien accordé au média algérien TSA Algérie, publié samedi 9 mars. «Bruno Retailleau se comporte en petit boutiquier et non en homme d’État», critique-t-elle, l’accusant d’attiser les tensions diplomatiques.

Nouvellement élue vice-présidente du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale, la députée des Hauts-de-Seine assure vouloir œuvrer à l’apaisement des relations bilatérales. Mais dans cet entretien, elle attaque directement Bruno Retailleau, qu’elle décrit comme «l’incarnation des idées d’extrême droite au gouvernement».

Selon elle, le ministre instrumentaliserait la relation franco-algérienne à des fins électorales. «Il joue la prochaine présidentielle», estime-t-elle, l’accusant d’une vision dépassée des liens entre les deux pays. «La xénophobie et le racisme à l’égard de l’Algérie lui sont bien spécifiques et indépassables visiblement. Monsieur Retailleau doit encore penser que la France dispose d’un gouverneur général à Alger... Ce temps est révolu», s’emporte-t-elle. La députée poursuit : «L’attitude de Bruno Retailleau est non seulement dictée par un racisme propre à son monde d’idées, mais elle met en péril les intérêts de la France», critique-t-elle.

Une critique sur fond de tensions diplomatiques

Sabrina Sebaihi juge en effet que les sorties du ministre de l’Intérieur sont préjudiciables aux bonnes relations entre les deux pays. «L’Algérie est un acteur majeur, un fournisseur d’énergie et un partenaire stratégique», fait-elle valoir. Elle exhorte également Emmanuel Macron à reprendre la main sur ce dossier sensible, jugeant nécessaire une clarification de la position française pour éviter que la relation avec Alger ne soit instrumentalisée dans le débat politique national. Elle regrette l’impact de la crise diplomatique sur les ressortissants franco-algériens qui vivent en France. «C’est une période détestable pour des millions [d’entre eux] que l’on dépeint uniquement sous les oripeaux de l’OQTF. Sans les Algériens pas d’hôpitaux qui fonctionnent par exemple», décrit-elle.

Cette prise de position intervient alors que les relations entre la France et l’Algérie restent particulièrement tendues. Cette semaine, Bruno Retailleau a affirmé que «l’attentat de Mulhouse n’aurait pas eu lieu si l’Algérie avait respecté le droit et ses obligations », une référence au refus d’Alger d’accueillir ses ressortissants sous le coup d’une procédure d’expulsion, dont l’auteur de l’attaque du 22 février. Le ministre de l’Intérieur dit assumer un «rapport de force» avec Alger, considérant que «les relations internationales fonctionnent avec le principe de réciprocité».