Reconnaissance de la Palestine : "Le président Macron bouge, parce que tout le monde réalise que monsieur Trump a perdu la tête ", estime l'ancienne déléguée générale de Palestine Leila Shahid
"Il était grandement temps", réagit, jeudi 10 avril, sur franceinfo, Leila Shahid, déléguée générale de Palestine en France de 1994 à 2005, puis ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne de 2006 à 2015 alors que le chef de l’État a annoncé, mercredi, que la France pourrait reconnaître un État palestinien "en juin". Cette reconnaissance pourrait intervenir à l'occasion d'une conférence que la France coprésidera avec l'Arabie saoudite aux Nations unies à New York. Emmanuel Macron espère que cela conduira également à la reconnaissance d'Israël par un certain nombre de pays. "Le président Macron bouge, parce que tout le monde réalise que monsieur Trump a perdu la tête ", estime Leila Shahid.
"Depuis 1996, quand j'étais délégué générale de Palestine, on parle de reconnaître au niveau de l'Union européenne l’État de Palestine. C’est d’ailleurs dans les accords d'Oslo. On disait 'au moment opportun'. Quand est-ce qu'il est opportun quand il y a 50 000 morts ?", s’interroge-t-elle. Elle estime qu’Emmanuel Macron "a été très bien inspiré" d’avoir fait cette déclaration "à partir du Caire" avec le président égyptien Sissi.
L'ambassadeur d'Israël en France a affirmé, jeudi sur franceinfo, qu'à chaque fois qu'il y a eu une possibilité de reconnaissance de l'État de Palestine, les autorités palestiniennes ont toujours refusé. Leila Shahid dénonce les "mensonges et les fake news des Israéliens" qui "sont devenus classiques". Selon elle, "c’est n'importe quoi de dire que ce sont les Palestiniens qui ont refusé, ce sont les Palestiniens qui ont proposé en premier lieu en 1988 la reconnaissance à Oslo. Ce ne sont pas les Israéliens", précise-t-elle.
"La tragédie de Gaza est telle qu’il faut bouger. Même le président Macron disait 'en temps voulu, on reconnaîtra'. Maintenant, il ne dit plus 'en temps voulu'. Il reconnaît que la situation est tellement grave qu'elle va s'étendre dans toute la région", met-elle en garde.