La gendarmerie ne paie plus ses loyers en raison de difficultés financières
Les gendarmes, d'ordinaire, délogent les mauvais payeurs. Pourtant, depuis septembre, ils ne versent plus de loyers aux communes qui leur louent des locaux ou logements, a appris Le Figaro, confirmant une information de France Bleu . «Nous avons trouvé une ardoise de 200 millions en arrivant», fait-on savoir au ministère de l'Intérieur. En cause, «l'engagement opérationnel, notamment pour assurer la sécurité des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et pour rétablir l'ordre en Nouvelle-Calédonie, [qui] a fortement impacté la programmation budgétaire de la gendarmerie», selon un courrier reçu par plusieurs communes affectées, dont le nombre total est encore inconnu. Les groupements de gendarmeries de département ont donc informé «de la mise en suspension temporaire du versement du loyer de la ou des casernes».
Toute la France, sauf les outre-mer, est touchée, précise le ministère de l'Intérieur qui assure que les loyers seront réglés. Ils seront inscrits dans «une loi de fin de gestion en décembre». Les loyers des mois de septembre, d'octobre et de novembre seront versés en décembre, et ceux du mois de décembre en janvier. Beauvau paiera en priorité les «collectivités en difficulté». Selon une information de franceinfo, l'ordre de ne pas payer vient directement de l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
«Les services de la commune m’ont alerté à la fin du mois de septembre. Je n’ai pas réussi à contacter la gendarmerie, alors la maire a posé la question en réunion et s’est aperçue que cette situation n’existe pas qu’à Cabestany», narre Cyrille Bernardin, premier-adjoint de cette ville des Pyrénées-Orientales. «J'ai appelé le ministère qui m'a confirmé l'information...», explique la sénatrice (LR) du département Lauriane Josende. «Trente-et-une collectivités sont concernées dans mon département sur deux-cent-vingt-six communes», ajoute-t-elle.
David Lisnard va saisir le premier ministre
«Nous sommes en seconde partie de mandat et des travaux sont souvent engagés. Les communes ont besoin de trésorerie pour y faire face», souligne Denis Merville, maire de Sainneville dans l’Orne, et président de l’Association des Maires de France du département. «On ne peut pas accuser les collectivités locales de déficit et ne pas honorer ses loyers», poursuit-il. D’autant que de nombreuses communes ont participé aux frais de constructions de casernes, en espérant des retombées économiques.
«Nous avons dix-huit logements de fonction pour une quinzaine de gendarmes», illustre Cyrille Bernardin. Dans sa commune, le montant impayé s'élève à 48.812 euros pour ce trimestre, mais il se cumule avec un arriéré de l'an dernier qui s'élève à 263.388 euros. «C'est bien simple, nous voulions installer de la vidéo protection. À quelques dizaines de milliers d'euros c'est exactement le montant que nous voulions investir», regrette-t-il. «La sécurité est pourtant une compétence régalienne», souligne la sénatrice Lauriane Josende.
«Ces loyers sont un élément important des budgets communaux», résume Murielle Fabre, secrétaire générale de l'Association des Maires de France (AMF). «David Lisnard, (le président de l'AMF, NDLR), va saisir le cabinet du premier ministre», ajoute-t-elle.