Une fois n’est pas coutume, nous avons assisté au show Isabel Marant, jeudi soir, au beau milieu du Palais-Royal, avec une novice. Perrine Laffont n’est ni influenceuse ni journaliste, mais championne olympique de ski de bosses. « J’ai déjà assisté à un défilé Moncler  à Saint-Moritz, mais c’est mon premier défilé de la Fashion Week », nous confie-t-elle avec un grand sourire. Elle contrôle à peine son excitation en s’asseyant au premier rang à quelques encablures de Paris Hilton, Lou Doillon et Héléna de la « Star Academy ». « Tout le monde connaît Isabel Marant ! » Mais finalement ce n’est pas la plus connue des Parisiennes qui sort saluer à la fin du show, mais Kim Bekker, avec qui elle cocréait les collections depuis 2021 et à qui elle a passé les clés du studio pour de bon. « Cette passation s’est opérée de manière organique, nous n’avons pas trop communiqué sur le retrait d’Isabel, car, pour nous, c’est un non-événement. Isabel Marant c’est une marque, une équipe et pas forcément la personne. » Mais que les fans se rassurent : si Isabel n’est plus aux manettes, son esprit espiègle et son style chic sans effort eux sont toujours là, dans ce vestiaire de « baroudeuse qui voyage avec ses vêtements enroulés dans une sangle en cuir, avec son sac à dos, traverse des lieux inconnus, ensoleillés, peut-être désertiques », explique Kim en coulisses. Une aventurière qui chaloupe sur le podium, cheveux au vent, le teint lumineux et hâlé, vêtue d’une combinaison de pompiste en lin et soie, d’un microshort en macramé, d’un veston en cuir souple bordé de pampilles miroirs ou d’une minirobe du soir en dentelle fleurie recouverte de brillants. Perrine est conquise. Comme beaucoup de filles de sa génération, à n’en pas douter.

Acne Studios aussi fait un carton auprès des jeunes gens. Mais dans un autre registre. Un savant mélange de show hautement viral et de vêtements pile dans l’air du temps. Alors, avant que le défilé de la marque suédoise commence, il est de bon ton de faire un petit tour de la salle (le cloître du Collège des Bernardins transformé en galerie d’art en contreplaqué exposant les collages photographiques de Pacifico Silano) pour repérer les personnalités influentes qui peuplent chaque saison son premier rang. Parmi les youtubeurs et tiktokeurs très nombreux au mètre carré, point de célébrités (vraiment) célèbres, hormis la chanteuse Robyn venue en compatriote et compositrice de la bande-son du défilé. La griffe jouerait-elle low profile cette saison ? Tant s’en faut, sur le podium, déboulent des créatures en costume de tissu cartonné ou plastifié, robe sablier en patchwork de dentelle thermocollée, grand (très grand) blouson de trappeur en daim vieilli, santiags et boots Timberland hypertrophiées. Au milieu de ces looks à la paper doll, quelques vêtements très désirables (et portables), comme ces très beaux complets, chemises à poches plaquées, pantalons d’officier et blousons de cuir aux faux airs vintage.