Harvard, MIT, University of Southern California (USC), Cornell... De nombreuses universités américaines exhortent leurs étudiants étrangers, pour certains actuellement en vacances d’hiver dans leur pays d’origine, à revenir sur leur campus avant l’investiture du président élu Donald Trump le 20 janvier prochain.
Au cours de l’année 2023-2024, les États-Unis ont accueilli plus de 1,1 million d’étudiants internationaux selon les chiffres d’Open Doors et de l’Institute of International Education (IIE). Un chiffre record. Ces derniers viennent principalement d’Inde (29%), de Chine (25%), de Corée du Sud (4%), du Canada et de Taiwan (2%). Les Français, eux, représentent 0,8% des étudiants internationaux - soit l’équivalent de 8543 élèves.
L’ombre du «muslim ban»
À maintes reprises lors de sa campagne pour sa réélection, le républicain a martelé que l’une de ses priorités sera de sévir contre l’immigration, qu’elle soit légale ou illégale. Lors de son premier mandat, l’ex-magnat de l’immobilier avait imposé des restrictions à l’entrée aux États-Unis en provenance de sept pays à majorité musulmane - le «muslim ban» - en janvier 2017.
Cette mesure décriée concernait à l’époque environ 17.000 étudiants dans les sept pays concernés par la loi : l’Iran, l’Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen. La liste avait été allongée dans un second temps. Si le «muslim ban» avait été abrogé par Joe Biden en 2021, les conseillers de Donald Trump ont fait savoir que de telles restrictions pourraient revoir le jour.
De même, le futur locataire de la Maison-Blanche a fait savoir qu’il souhaitait annuler les visas des étudiants originaires de pays «ouvertement antiaméricains et antisémites». Une référence, notamment, aux manifestations propalestiniennes qui se sont multipliées sur les campus américains après le début de la riposte israélienne contre le Hamas dans la Bande de Gaza.
L’Inde et la Chine visés ?
«Une interdiction de voyager devrait entrer en vigueur peu après l’investiture de Donald Trump», met ainsi en garde de façon préventive sur son site internet l’université de Cornell. «Cette interdiction devrait concerner les citoyens des pays ciblés par la première administration Trump : le Kirghizistan, le Nigéria, la Birmanie, le Soudan, la Tanzanie, l’Iran, la Libye, la Corée du Nord, la Syrie, le Venezuela, le Yémen et la Somalie. De nouveaux pays pourraient s’ajouter à cette liste, notamment la Chine et l’Inde», détaille-t-elle dans un message publié fin novembre.
Dans un courriel adressé aux étudiants titulaires d’un visa spécial consulté par Axios, l’USC a déclaré qu’ils devraient être en classe lorsque le semestre commencera le 13 janvier. «Cela est particulièrement important étant donné qu’une nouvelle administration présidentielle prendra ses fonctions le 20 janvier 2025 et – comme c’est souvent le cas – pourrait émettre un ou plusieurs décrets exécutifs ayant un impact sur les voyages aux États-Unis et le traitement des visas», met en garde l’université.
Le bureau des affaires étudiantes internationales de l’Université Wesleyan a de son côté «vivement encouragé» ses étudiants à «rentrer aux États-Unis et de revenir sur le campus avant le dimanche 19 janvier 2025», rapporte The Guardian.
Alertes «prématurées»
D’autres universités n’ont pas donné de directives précises. C’est le cas de l’université Emory. L’établissement d’Atlanta (Géorgie), précise Axios qui a eu copie d’un message adressé aux étudiants, estime ces alertes «prématurées». «Une fois que de véritables politiques et mandats auront été mis en place, nous pourrons discuter des impacts», écrit la porte-parole du campus.
L’Université d’État de l’Arizona, qui compte le quatrième plus grand nombre d’étudiants internationaux, ne publie pas non plus de directives, selon le porte-parole Jerry Gonzalez, toujours à Axios.