«Tais-toi» : vif moment de tension entre Bayrou et Retailleau lors d'une réunion sur le voile dans le sport

Un vif moment de tension a opposé François Bayrou à son ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau lors d'une réunion convoquée mardi 18 mars 2025 pour mettre fin aux dissonances gouvernementales sur le port du voile islamique dans le sport, a-t-on appris mercredi auprès de participants. Le premier ministre avait invité mardi à Matignon cinq ministres de poids, dont Bruno Retailleau et le Garde des Sceaux Gérald Darmanin, pour tenter de mettre fin à la cacophonie depuis quelques jours sur la question des signes religieux dans le sport.

Au cours de cette réunion, François Bayrou et Bruno Retailleau ont eu un vif échange et le ministre de l'Intérieur a voulu quitter la réunion, selon deux participants. «Tais-toi», venait de lui intimer François Bayrou. Avant finalement de convaincre son ministre de rester dans la réunion.

Un gouvernement «polyphonique»

Cet épisode s'est immiscé dans la bataille que se livrent Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez pour la présidence du parti Les Républicains (LR). «Le premier ministre doit respecter les ministres de notre famille politique. La droite républicaine ne participe pas au gouvernement pour se taire et gérer le crépuscule du “en même temps” macroniste», a lancé le chef des députés LR sur le réseau social X.

Laurent Wauquiez estime régulièrement qu'en cumulant ses fonctions ministérielles avec la présidence du parti, Bruno Retailleau n'aurait pas une liberté de parole suffisante concernant l'action de l'exécutif. Composé de la droite et du bloc macroniste, le gouvernement est une «polyphonie», a répété mercredi sa porte-parole Sophie Primas, à l'issue du conseil des ministres.

Sur le fond du dossier, Bruno Retailleau et François Bayrou n'avaient pas de désaccord. S'agissant du voile, le premier ministre a redit soutenir la proposition de loi du sénateur LR Michel Savin, qui prévoit d'interdire le port de signes religieux, notamment le voile, dans l'ensemble des compétitions sportives, y compris au niveau amateur. Une position appuyée par la ministre Aurore Bergé (Égalité) lors des questions au gouvernement mardi. Notre ligne «est très claire: la lutte déterminée contre toute forme d'entrisme islamiste».