«Chacun paye ce qu’il a envie de payer» : ces couples qui ne veulent pas entendre parler de compte bancaire commun
«Je veux être indépendante financièrement. Si je veux m’acheter quoi que ce soit, j’ai envie de me dire que c’est avec mon argent et pas avec notre argent.» Pour Caroline, 34 ans et mère de deux enfants, pas question d’avoir un compte bancaire commun avec son conjoint. Alors que 70% des couples se disent inquiets pour leurs finances, d’après un récent sondage CSA Research pour Cofidis, la répartition des dépenses est un enjeu majeur dans la vie à deux. Et sur ce sujet, la plupart des foyers français préfèrent ne pas tout mettre en commun.
Selon cette étude, seuls en effet 30% des sondés - uniquement des personnes vivant actuellement en couple sous le même toit - ne possèdent qu’un compte commun. «Une pratique pourtant bien ancrée chez les plus de 65 ans puisqu’elle concerne plus de la moitié (52%) des seniors interrogés», souligne le sondage. Tandis qu’un peu moins d’un quart des personnes en couple ne disposent que d’un compte personnel (22%), la situation la plus commune est d’avoir à la fois un compte personnel et un compte commun (45%).
Beaucoup de couples privilégient ainsi une gestion autonome de leurs finances. Derrière ce choix, une volonté de préserver son indépendance financière, des contraintes administratives, mais aussi une approche plus moderne de la gestion du budget à deux. Mais l’absence de compte commun ne signifie pas un manque d’organisation. Paul, 28 ans, explique : «Je ne veux pas de compte joint, ça me fait peur. Pourtant, nos dépenses sont tout à fait équitables. On garde nos tickets de caisse et à la fin de chaque mois, on fait nos comptes. C’est tellement facile maintenant de suivre les dépenses communes et de se rembourser, avec Tricount par exemple.» Grâce aux applications de gestion financière (Lydia, Tricount, Splitwise...), la gestion des dépenses communes devient transparente et ne prend que quelques secondes. Une alternative utilisée par de plus en plus de couples.
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«C’est plus facile de gérer de son côté»
Manuela, 59 ans et maman de trois enfants, a eu un compte joint avec son mari, mais il a fini par être laissé à l’abandon. «On ne gère pas notre argent en commun, chacun paye ce qu’il a envie de payer, il n’y a pas de règle. La création d’un compte commun était obligatoire pour faire un emprunt pour acheter notre appartement, mais en fait, on ne l’a jamais utilisé derrière.» Ainsi, même imposé par la banque, le compte commun n’est pas toujours adopté dans la gestion quotidienne des finances. Pour certains couples, la séparation des dépenses est un moyen d’éviter les complications et les tensions.
Le régime matrimonial choisi joue par ailleurs un rôle dans la gestion des finances d’un couple. Dans le cas du régime de la séparation de biens, il est souvent plus logique que chacun conserve son compte personnel. C’est le cas de Manuela. «Ce n’est pas forcément utile pour nous d’avoir un compte commun. Chacun gère son argent de son côté, et ça nous convient très bien comme ça». Ceux qui se refusent au compte commun mettent aussi en avant la simplicité d’une gestion individuelle. «Nos dépenses ne sont pas forcément les mêmes, et puis si certains mois j’ai envie de me faire un plaisir, un cadeau, ou un voyage avec des copines, ce n’est pas à lui de payer», juge Caroline. Une vision partagée par Manuela : «On a jamais réfléchi à séparer les dépenses en deux, et puis on n’en a jamais éprouvé le besoin. C’est plus facile de gérer de son côté, et je n’ai pas envie de savoir ce que dépense l’autre. Et puis les dépenses se compensent toujours plus ou moins au final.»
Même chose pour Tima, 42 ans. «Nous n’avons jamais eu de compte joint et c’est très bien comme ça. On s’arrange pour les dépenses communes et pour le reste, chacun a sa liberté. En cas de difficultés financières, c’est beaucoup plus gérable aussi. On peut s’arranger et s’aider entre nous.» Finalement, loin d’être un tabou, l’absence de compte commun s’impose aujourd’hui comme une nouvelle norme pour de nombreux couples, qui y voient un moyen de préserver leur liberté tout en gérant efficacement leurs finances à deux.