Tour de France 2025 : de Jacques Anquetil à Louison Bobet, la Grande Boucle s’apprête à rendre hommage à ses légendes

"En 2024, en Italie, on a honoré plusieurs champions transalpins. Très honnêtement, on s’est dit qu’il fallait qu’on le fasse aussi pour nos champions français, c’est la moindre des choses", déclarait Christian Prudhomme avant le Tour de France à franceinfo: sport. Alors en 2025, la Grande Boucle fait un crochet par l’Ouest, en Normandie et en Bretagne, terre de légendes du cyclisme français. Jacques Anquetil et Jean Robic seront les premiers honorés sur la quatrième étape, mardi 8 juillet.

Au 128e kilomètre de la course, entre Romilly-sur-Andelle et La Neuville-Chant-d’Oisel (Eure), les coureurs du Tour de France grimperont la côte baptisée au nom de Jacques Anquetil (3,5 km à 3,6%), vainqueur à cinq reprises du Tour de France (1957, 1961, 1962, 1962 et 1964), de deux éditions du Tour d’Italie (1960 et 1964) et d’un Tour d’Espagne (1963). Des panneaux illustrés par des photographies du champion serviront notamment de repères au peloton pour connaître le nombre de mètres restant jusqu’au sommet. "C’est grandiose que le Tour passe là, parce que c’était sa côte d’entraînement, se réjouit sa veuve Dominique Anquetil, à franceinfo: sport. Quand on a inauguré la côte en 1997, Bernard Hinault, Eddy Merckx et Raymond Poulidor étaient là"

Sa mémoire se transmet aujourd’hui de génération en génération. "On a une exposition sur lui avec des trophées, qui voyage de ville en ville. Elle est à Rouen pour un mois, mais elle est aussi passée par Avranches, Carpentras… Jacques, c’était un monument, poursuit Dominique Anquetil, dont la famille possède toujours un château qui sert pour de l’évènementiel. Et même encore aujourd’hui, c’est fou comme les gens et les admirateurs sont émus quand ils passent au château pour voir les trophées et retrouver leur idole".

"D'anciennes gloires qui n'avaient pas le matériel d'aujourd'hui"

Quelques kilomètres plus loin, le parcours de cette quatrième étape du Tour de France passera par la côte de Bonsecours, où est érigée une stèle en l’honneur de Jean Robic. C’est dans cette côte que le Breton de 26 ans est entré dans l’histoire de la Grande Boucle, le 20 juillet 1947, lors de la dernière étape entre Caen et Paris. Il avait choisi ses reliefs pour s’échapper, prendre la tête, la garder jusqu’à Paris, et remporter son seul Tour de France. Chaque année, une course cyclo nommée "Robic-Bonsecours" emprunte cette côte, avec quelque 300 participants. "Ca reste une figure emblématique du coin et le fait qu’une stèle soit érigée en sa mémoire aide à l’entretenir. Ce sont des anciennes gloires qui n’avaient pas le matériel et l’accompagnement qu’ont les coureurs aujourd’hui, c’est bien de leur rendre hommage", souligne Jean-Claude Caquelard, qui a longtemps organisé la cyclo Robic-Bonsecours.

Lors de la septième étape, c’est une légende vivante du Tour qui aura droit à ces honneurs, en Bretagne. Bernard Hinault, quintuple vainqueur de la Grande Boucle (1978, 1979, 1981, 1982 et 1985) verra le peloton passer par Yffiniac, sa commune de naissance, puis par Calorguen, à une heure de route, où il vit. Pour l’occasion, Yffiniac, où un complexe sportif et un rond-point portent déjà son nom, a créé une mascotte de blaireau [son surnom] avec un maillot jaune. Tant pis si le champion préfère la discrétion.

Bernard Hinault pose à Yffiniac, devant la fresque à son effigie et le maillot jaune géant conçu pour le passage du Tour de France dans la commune. (LOIC VENANCE / AFP)
Bernard Hinault pose à Yffiniac, devant la fresque à son effigie et le maillot jaune géant conçu pour le passage du Tour de France dans la commune. (LOIC VENANCE / AFP)

Le lendemain, le départ sera donné de Saint-Méen-Le-Grand, la commune de Louison Bobet, premier vainqueur de trois Tours de France consécutifs entre 1953 et 1955. Un départ qui tombe à pic pour le centenaire de sa naissance, le 12 mars 1925. "Avec Monsieur le maire, ça fait six ans qu’on écrit à Christian Prudhomme pour que Saint-Méen soit une ville étape du Tour en 2025, pour ses 100 ans, et on a reçu une réponse favorable", explique Claude Villaume, élu du village et ancien bénévole de l’association des Amis de Louis Bobet.

Une association qui entretient sa mémoire en tenant un musée sur l’histoire du champion. "Il y a encore quelques anciens qui l’ont connu, donc il reste dans notre coeur, et on a aussi quelques classes qui viennent au musée, les enfants sont baignés dans cette histoire qui se transmet", poursuit-il. Pour lui rendre hommage, les organisateurs du Tour ainsi que des élus du village se rendront sur sa tombe pour y déposer une gerbe.