Bardella, Darmanin, Roussel, Rousseau... Ce qu’il faut retenir des nouveaux portraits politiques de l’émission Une ambition intime

La politique ne se résume-t-elle qu’à l’ambition, aux coups bas et à la stratégie ou s’incarne-t-elle avant tout dans des personnalités qui portent en elles leur part d’ombre et de lumière ? C’est tout le pari de l’émission Une ambition intime , qui tente, depuis sa première saison à l’automne 2016, d’humaniser la vie politique et ses principaux responsables. Ceux qui joueront un rôle dans les prochaines années, notamment lors de la prochaine présidentielle. Le format, dont le troisième épisode a été diffusé dimanche soir sur M6, permet surtout à plusieurs personnalités de se livrer, en retraçant leur enfance et leur parcours, à travers des témoignages de proches, tout en dévoilant des instants de leur quotidien. Reste que ces leaders ne montrent que ce qu’ils veulent bien montrer...

Après avoir reçu Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, Jean-Luc Mélenchon, Rachida Dati ou encore Marlène Schiappa les saisons précédentes, la présentatrice de l’émission a invité quatre nouvelles personnalités : Gérald Darmanin, ministre de la Justice ; Sandrine Rousseau, députée écologiste ; Fabien Roussel, chef de file des communistes ainsi que Jordan Bardella, patron du Rassemblement national. Le Figaro vous résume ce qu’il faut retenir du nouvel épisode d’Une ambition intime.

Darmanin «pense à la présidentielle», Sarkozy loue sa «fibre populaire»

Bien qu’il ne soit pas encore officiellement candidat en 2027, Gérald Darmanin laisse de moins en moins planer le doute sur ses intentions. Un mois après avoir pris tout le monde de court en confiant à La Voix du Nord   son «envie» de briguer l’Élysée, précisant alors qu’il «travaillait» à l’élaboration d’un projet présidentiel, le ministre de la Justice s’est montré dimanche soir encore plus explicite : «Oui, je pense à l’élection présidentielle», a-t-il déclaré, ajoutant que c’était «pour proposer quelque chose au pays». Favorable à l’organisation d’une primaire ouverte allant du camp Macron aux Républicains - si personne ne s’impose naturellement pour représenter la droite et le centre - le garde des Sceaux n’a pas précisé dans quel cadre il envisageait de se présenter.

Revenant sur ses premières d’années d’engagement politique, d’abord auprès de Xavier Bertrand puis comme directeur de cabinet du ministre des Sports David Douillet, le Nordiste s’est, sans surprise, épanché sur Nicolas Sarkozy, celui qui lui a vraiment mis le pied à l’étrier. Les deux personnalités se vouent un respect mutuel depuis l’époque de la primaire de la droite en 2016, où Gérald Darmanin dirigeait la campagne de l’ex-chef de l’État. «J’avais envie de travailler pour Nicolas Sarkozy, j’avais une grande admiration pour lui, j’ai beaucoup appris auprès lui», encense l’ancien ministre de l’Intérieur. De son côté, l’ancien président de la République s’est souvenu de leur première rencontre : «Il avait l’œil qui pétillait et il avait quelque chose de très rare en politique, la fibre populaire». «Peut-être qu’il me rappelait le jeune homme que j’étais, j’avais besoin de son énergie», salue l’ex-homme fort de la droite, qui avait déjà rendu hommage à celui qu’il considère comme un «ami» dans le troisième tome de ses mémoires, Le Temps des Combats (Ed. Fayard, 2023). Une déclaration en forme d’adoubement à deux ans de la présidentielle.

Alors qu’il était encore ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin avait laissé en septembre dernier entrer les caméras de M6 dans son intimité, s’affichant dans les appartements privés de la place Beauvau aux côtés de son épouse, Rose-Marie Devillers, et de leurs deux fils. Concernant son engagement il y a douze ans contre le mariage pour tous, ouvrant cette union aux personnes homosexuelles, Gérald Darmanin dit le «regretter». «J’étais totalement décalé sur les questions sociétales, j’ai changé quand je suis devenu père», a reconnu le garde des Sceaux.

L’engagement de Rousseau en faveur d’une «aide active à mourir» dévoilé

Deuxième personnalité à se prêter au jeu du portrait : la députée écologiste Sandrine Rousseau. Très engagée sur la question du climat, l’élue de Paris est revenue sur ses convictions anciennes. «Dans les années 1970, on avait déjà tous les rapports qui nous permettaient de savoir tout ce qui allait se passer (...) On a attendu, on a attendu», déplore celle qui réfléchit à se présenter en 2027 en cas de primaire commune de la gauche. «J’ai l’impression que l’humanité se comporte un peu comme des adolescents qui ne veulent pas ranger leur chambre», a ajouté l’écoféministe, en filant la métaphore qui résume son regard critique sur ce qu’elle considère comme de l’inaction climatique.

L’occasion aussi de revenir sur son militantisme antiracisme, entamé au milieu des années 1980 au sein de SOS Racisme. «C’était la première fois que la jeunesse se prenait en main et affirmait des valeurs d’inclusion, de respect de l’autre», se remémore Sandrine Rousseau, qui poursuit aujourd’hui son engagement en participant presque chaque dimanche à des manifestations sur ces questions.

Autre combat qu’elle porte dans le débat public, la fin de la vie - deux propositions de loi ont été adoptées sur le sujet la semaine dernière à l’Assemblée nationale. Ses convictions, elle les a forgées à la mort de sa mère en 2013, cette dernière s’étant suicidée après un long combat contre le cancer. «Comme elle l’a fait de manière un peu clandestine, je suis maintenant une militante de l’aide active à mourir. Elle ne m’a pas dit “au revoir”», a-t-elle confié, visiblement très émue. «Je veux qu’il y ait un droit à choisir sa mort», a insisté Sandrine Rousseau, évoquant une promesse faite à sa mère en ce sens.

«Je sais ce que je lui dois» : l’hommage de Jordan Bardella à Marine Le Pen

Comment Jordan Bardella est-il entré en politique ? Tous ses proches évoquent, dès son adolescence, une «passion» pour Marine Le Pen, au point qu’il est encore capable aujourd’hui de réciter par cœur certaines de ses anciennes interventions télévisées. Engagé au Front national (devenu Rassemblement national) depuis ses 16 ans, l’intéressé juge, avec le recul, que la politique «l’a totalement changé». «Ça m’a aidé à passer à l’âge adulte», souligne celui qui dirige aujourd’hui le parti à la flamme. «Jordan, c’est vraiment le symbole de la méritocratie. Il y a des centaines de jeunes dans notre mouvement, et à un moment donné, on lui donne sa chance», indique la présidente des députés RN, qui lui a proposé dès la présidentielle de 2017 de venir travailler à ses côtés.

«C’est une personne qui compte. Je sais ce que je lui dois. Elle est très modeste, elle a participé à la construction de l’homme politique (qu’il est)», a loué Jordan Bardella dans cette émission enregistrée en février, bien avant que le verdict du procès des assistants parlementaires des eurodéputés FN ne rende Marine Le Pen inéligible. Décision dont elle a fait appel. Entre les deux têtes d’affiche du RN, la relation est faite de complémentarité mais aussi de rivalité, notamment depuis que l’eurodéputé pourrait être le «plan B» du RN à la présidentielle de 2027 en cas d’empêchement définitif de sa mentor. Emboîtant le pas de proches de Jordan Bardella, Marine Le Pen affirme, elle, ne pas être dans une démarche «de protection» ou «d’ascendance» vis-à-vis de son dauphin. «On a vraiment une relation d’égal à égal», assure l’élue du Pas-de-Calais. «Les gens ne connaissent pas la subtilité de notre relation, c’est unique ce tandem dans la vie politique française», se réjouit Jordan Bardella alors que des tensions ont surgi cette semaine dans le duo à la tête du RN.

Roussel et les «jours heureux»

Revenant sur sa campagne présidentielle de 2022, le communiste Fabien Roussel a assumé sa ligne des «jours heureux», se refusant de tenir «un discours dépressif». «Moi, je veux vendre du bonheur en barre», lance l’ancien député du Nord, qui se dit «décu» de son score (2,3%). «Je n’aime pas perdre (...) Quand on va à une élection, on y va pour gagner», a-t-il certifié. Et de se réconforter comme il peut trois ans après le scrutin : «On a quand même réussi à faire entendre notre voix et relever la tête.» 

Quid de ses relations, que d’aucuns qualifient d’ombrageuses, avec Jean-Luc Mélenchon ? «Il nous arrive de se parler, de se retrouver à deux», répond le leader du PCF, refusant une nouvelle fois de se ranger derrière le chef de file des Insoumis. «On n’a pas du tout le même projet (...) Je veux continuer à jouer un rôle dans ce pays pour montrer qu’il y a une gauche sincère, honnête et authentique», insiste-t-il.