Yotam Haim, 28 ans, Samer Fuad El-Talalka, 24 ans et Alon Shamriz, 26 ans : ces trois otages ont été tués vendredi… par l’armée israélienne. Les trois hommes, enlevés le 7 octobre par le Hamas, s’étaient échappés de leur lieu de captivité dans le quartier de Shujaiyeh, au nord de la bande Gaza. Ils ont été identifiés par les militaires israéliens comme une menace et abattus. « Après la fusillade, des soupçons se sont immédiatement portés sur l’identité des suspects, et leurs corps ont été identifiés. Il s’agit d’un événement tragique qui s’est produit dans une zone de combat où se trouvent de nombreux terroristes. Nous sommes en train de rassembler les faits et de clarifier les détails de l’événement », a déclaré Daniel Hagari, porte-parole de l’armée. Benjamin Netanyahu a évoqué « une insupportable tragédie » qui plonge « tout l’Etat d’Israël dans le deuil ». Elle plonge surtout un peu plus le premier ministre israélien dans le discrédit alors qu’une frange importante de l’opinion publique lui reproche d’avoir échoué à protéger le pays le 7 octobre. L’« erreur tragique » dont parle la Maison-Blanche est-elle le fait d’une identification « humaine » ou « technologique », alors que le site d’information israélo-palestinien +972 a révélé l’utilisation massive – à une échelle jusqu’ici inconnue – de l’intelligence artificielle dans les bombardements massifs qui ont tué au moins 20 000 personnes dans la bande de Gaza et beaucoup plus, selon l’ancien officier français Guillaume Ancel ?
Peu après cette annonce, des centaines de personnes ont défilé avec des photos de captifs devant le ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv pour demander un accord immédiat en vue de leur libération. « Chaque jour, un otage meurt », pouvait-on lire sur une affiche alors qu’un drapeau israélien placé dans la rue a été aspergé de peinture rouge évoquant du sang. « Le seul moyen de libérer les otages vivants est la négociation », indiquait à l’AFP Motti Direktor, un manifestant de 66 ans. « Nous sommes ici après une soirée bouleversante, et je meurs de peur. Nous exigeons un accord maintenant », ajoutait Merav Svirsky, dont le frère Itay est otage à Gaza.
Selon le site Axios, David Barnea, le chef du Mossad – les services secrets extérieurs israéliens – doit rencontrer ce week-end le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani afin de relancer les négociations sur la libération des otages, dont le nombre estimé s’établit à 129. Une première trêve avait permis, fin novembre, la libération de dizaines d’otages en échange de celle de centaines de prisonniers palestiniens, dont l’immense majorité étaient des jeunes sans charges officiellement retenues contre eux.