« Le pire reste à venir » : cinq mois après le rachat de BFM et RMC, la reprise en main musclée de Rodolphe Saadé
Le climat se tend à bord du navire RMC-BFM venu renforcer, le 2 juillet, la flotte médiatique de la CMA CGM qui compte déjà la Provence, Corse Matin, la Tribune et la Tribune Dimanche, ainsi que la gestion de participations dans M6 et Brut. En s’emparant du pôle média d’Altice, groupe détenu par Patrick Drahi, l’armateur de porte-conteneurs basé à Marseille a ainsi pris le contrôle, moyennant 1,55 milliard d’euros, de la chaîne d’information en continu BFM TV, de ses dix locales régionales, de la radio RMC et des chaînes de la TNT, RMC Découverte et RMC Story.
« Je souhaite que tout le monde reste », avait lancé l’homme d’affaires Rodolph Saadé pour rassurer les représentants du personnel en mars dernier, quelques mois avant la passation de capital. « On est une grande famille », avec des « valeurs très fortes », avait-il insisté. Pourtant, même pas six mois après la signature, l’encadrement est déjà exsangue et les salariés inquiets du flottement éditorial que suscitent ces départs en cascades.
Plus de 30 personnes ont pris la poudre d’escampette depuis le 1er octobre, date à laquelle a débuté la clause de cession, un dispositif permettant de quitter un média avec des indemnités lors d’un changement de propriétaire.
Hémorragie hiérarchique
Certains n’ont même pas attendu l’ouverture de cette période, qui court jusqu’au 31 mai et permet de bénéficier d’un minimum légal d’indemnités, soit un mois de salaire par année d’ancienneté. Début juillet, quelques heures après la finalisation du rachat d’Altice Media par CMA CGM, le lieutenant de Patrick Drahi et directeur général de RMC-BFM, Arthur Dreyfus, a annoncé quitter le navire, contrairement à ce qu’il avait soutenu le 15 mars.