Yaourts, lait, steaks végétaux… Pourquoi l’Anses recommande de ne plus consommer ces aliments à base de soja dans les cantines

Pourrons-nous encore déguster des produits à base de soja dans nos cantines ? Pour l’Anses, sollicité par les ministères de l’Alimentation et de la Santé ce lundi 24 mars, c’est non. Son constat est alarmant : les isoflavones, substances végétales proches des hormones féminines, sont présentes en trop grande quantité dans les produits à base de soja.

D’autant plus que l’on en trouve un peu partout : yaourts, lait, steaks végétaux et même gâteaux apéritifs en contiennent. Ces phytoœstrogènes peuvent « perturber le fonctionnement hormonal » et « entraîner des effets indésirables sur le système reproducteur », comme le précise auprès de l’AFP Aymeric Dopter, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses.

En soulignant qu’il « ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur le soja en tant qu’aliment » mais plutôt « sur les teneurs en
isoflavones que les produits au soja contiennent actuellement »
, l’Anses recommande de ne pas servir d’aliments à base de soja en restauration collective « pour éviter une surconsommation ». Des crèches, écoles, collèges, lycées aux restaurants d’entreprises, Ehpad, hôpitaux et cliniques, « toutes les catégories d’âge » sont concernées par cette recommandation.

En cause, les pratiques de l’industrie agroalimentaire

En comparant les seuils toxicologiques en dessous desquels il n’y a quasiment pas de risque pour la santé aux niveaux d’exposition alimentaire de la population, l’Anses pointe un sérieux « risque de dépassement » pour les consommateurs d’aliments à base de soja. 76 % des enfants de 3 à 5 ans dépassent ces seuils toxicologiques, pour 53 % des filles de 11 à 17 ans et 47 % des adultes de 18 à 50 ans.

C’est avant tout auprès des industriels de l’agroalimentaire que l’agence sanitaire tire la sonnette d’alarme : si les teneurs en isoflavones dépendent de la variété de soja, des conditions de culture et du degré de maturité de la plante, elle recommande sérieusement aux industriels de les réduire en utilisant certaines techniques agronomiques et procédés de fabrication. L’agence conseille enfin de « diversifier les aliments d’origine végétale », affirmant que la majorité des légumes secs « autres que le soja » contiennent bien moins d’isoflavones.

L’Anses envisage dès à présent de partager ses valeurs toxicologiques de référence avec ses homologues européens. Son avis participera également à la révision de l’arrêté sur la qualité nutritionnelle des repas en restauration scolaire, un texte de 2011 qui pourrait nécessiter une mise à jour.

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