Grèce : le port de Volos envahi par des centaines de milliers de poissons morts
Un enchaînement de catastrophes presque surnaturel. La ville de Volos en Thessalie, dans le centre de la Grèce, est envahie depuis samedi 24 août par des centaines de milliers de poissons morts. La mer a presque disparu par endroits, sous cet amoncellement qui a donné au port des reflets argentés, mais dont l’odeur pestilentielle commence à faire fuir les touristes.
C’est la deuxième catastrophe naturelle qui touche le Golfe Pagasétique en moins d’un an. En septembre 2023, la région avait déjà été secouée par de violentes intempéries. «À la suite des tempêtes Daniel et Elias l'automne dernier, environ 20.000 hectares de la plaine de Thessalie ont été inondées», explique Dimitris Klaudatos, professeur agrégé en agriculture et en environnement à l'Université de Thessalie au quotidien grec I Kathimeriní.
Divers poissons d'eau douce ont ainsi été transportés par les canaux et les rivières. «Aujourd'hui, il reste environ 2500 hectares inondés, ce qui signifie que le niveau et la quantité d'eau ont considérablement diminué. Par conséquent, les poissons tombent dans le golfe à la recherche de plus d'eau», poursuit-il, en ajoutant que ces poissons d'eau douce sont inadaptés à l'eau de mer, et qu’«ils meurent à cause de la différence de salinité».
Conséquences dévastatrices
Les conséquences pour cette région qui subsiste de la pêche et du tourisme sont déjà néfastes. «Nous sommes déjà fauchés depuis un an. Dans deux mois nous n'aurons plus rien à manger», s'inquiète auprès du journal local Thessalia le président de l'association des pêcheurs de Magnésie, Panagiotis Perakis.
Après les inondations de l'automne dernier, la région avait déjà connu d'importantes répercussions économiques. Selon l'Association des propriétaires de restaurants et de bars, le trafic touristique a déjà diminué de presque 80% par rapport à l'année dernière. «Le phénomène de ces poissons morts signe notre arrêt de mort. Quel visiteur viendra dans notre ville après cela ?», s'inquiète Stefanos Stefanou, président de l'organisation.
Selon les informations de I Kathimeriní, l'Organisation nationale de santé publique a contacté la Direction de la Santé de la Région de Thessalie et exigé que des tests soient réalisés sur les plages où les poissons ont été retrouvés. L'Organisation a également demandé que la baignade soit interdite. Parallèlement, un échantillon de l'eau du Golfe Pagasétique doit parvenir à des laboratoires grecs pour des contrôles et analyses. La qualité de l'eau était déjà un important problème dans la région depuis les inondations.
Une réaction jugée «trop lente»
Dimitris Maredis, directeur du site d'informations locales TheNewspaper.gr s’est indigné auprès d’I Kathimeriní du temps de réaction des autorités locales. «Cette situation nous a tous pris au dépourvu. Et l'Autorité portuaire de Volos n'était pas prête à gérer une telle crise et l'a montré». Il rappelle que la vanne qui sépare le Lac Karla de la mer était toujours fermée ces précédentes années. Elle a cependant été ouverte «après les inondations par décision du gouverneur régional pour drainer la zone des eaux excédentaires», ajoute-t-il. Les autorités de la région sont aussi responsables du désastre, pour Dimitris Maredis : «Ils n'ont pas fait preuve de réflexes rapides, alors que le lac Karla est sous (leur) responsabilité».
Il interroge par ailleurs l’hypothèse selon laquelle les poissons sont morts à cause de la différence de salinité. Dimitris Maredis et son équipe examinaient en début de semaine le lac Karla, et racontent avoir observé des poissons morts dans le lac. «Nous pensions que les poissons morts résultaient d'un changement soudain d'eau douce et d'eau de mer. Ici, il semble qu'il y ait une pollution bien avant à l’intérieur du lac», avant qu’ils échouent dans le Golfe Pagasétique. «Cela signifie que les poissons étaient déjà morts en eau douce, c'est-à-dire dans leur environnement naturel», souligne le journaliste.
En attendant les résultats des analyses en cours, les efforts se concentrent pour tenter de se débarrasser au plus vite des cadavres, qui se décomposent. La vice-gouverneure de Magnésie Anna-Maria Papadimitriou estime dans les colonnes d'Ethnos qu'il faudra «cinq à sept jours» pour tous les collecter, mais des pêcheurs qui ont lancé un appel à l’aide dans Thessalia visent plutôt une semaine à dix jours.