Depuis le 7 janvier dernier, Los Angeles est assaillie par les flammes. Ces incendies de forêts qui ont tué au moins 28 personnes, détruit ou endommagé près de 16.000 bâtiments et provoqué des milliers d’évacuations, ne sont pas encore totalement circonscrits. Mais ils sont déjà les plus destructeurs de l’histoire de Los Angeles et potentiellement les plus coûteux jamais survenus aux États-Unis, avec des pertes estimées à 50 milliards de dollars, selon les analystes de JPMorgan.
On ne connaît pas encore vraiment l’origine de ces feux mais on sait qu’ils ont été alimentés par les vents violents de Santa Ana - des vents venus des terres, bien connus des Californiens l’hiver - et par des semaines de sécheresse : le centre de Los Angeles n’a reçu que 4 millimètres de précipitations au cours du second semestre 2024. Cette sécheresse survient après deux hivers (2022-23 et 2023-24) particulièrement humides qui ont favorisé la croissance des broussailles, qui sont ensuite devenues très sèches et particulièrement inflammables.
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«Le changement climatique a entraîné un réchauffement notable dans le sud de la Californie ainsi que l’apparition de sécheresses de longue durée. La Californie possède déjà le régime de précipitations le plus variable des États-Unis, les années très sèches étant souvent suivies d’années très humides, mais la variabilité des dernières décennies a été extrême», nous expliquait récemment Hugh Safford, chercheur en écologie à l’université de Californie-Davis. Dans une étude publiée mardi, trente-deux chercheurs du projet World Weather Attribution, qui évalue le rôle du réchauffement climatique induit par les activités humaines dans les catastrophes naturelles, se sont penchés sur le cas de ces incendies. Ils ont pour cela analysé les données météorologiques et les modèles climatiques afin de comparer l’évolution de ce type d’événements entre le climat actuel, marqué par un réchauffement planétaire d’environ 1,3 °C, et le climat préindustriel.
Des conditions propices qui durent chaque année plus longtemps
Si « le lien entre le changement climatique et les vents de Santa Ana n’est pas bien compris », ils constatent en revanche que « le changement climatique d’origine humaine a aggravé les féroces incendies de Los Angeles en réduisant les précipitations et en asséchant la végétation». Les conditions extrêmement chaudes et sèches propices à ces incendies étaient selon eux environ 35% plus probables en raison du changement climatique. Si le réchauffement atteint 2,6 °C, «ce qui est prévu d’ici à 2100 selon les scénarios actuels», il y aura presque deux fois plus de risques que ces conditions soient réunies.
En Californie, l’arrivée des pluies d’octobre à décembre marque généralement la fin de la saison des feux de forêt, soit avant l’arrivée des vents de Santa Ana qui facilitent la propagation des flammes. L’analyse des données météorologiques historiques montre que ces précipitations sont de plus en plus faibles. La saison des incendies de forêt a ainsi tendance à s’allonger à Los Angeles : les « conditions de sécheresse hautement inflammables durent en moyenne 23 jours supplémentaires chaque année».
« Les communautés ne peuvent pas reconstruire à l’identique »
Park Williams, professeur de géographie à l’université de Californie
« Les conditions de sécheresse s’étendent de plus en plus souvent à l’hiver, augmentant le risque qu’un incendie se déclare pendant les vents forts de Santa Ana, qui peuvent transformer de petites flambées en brasiers mortels », résume ainsi dans un communiqué Clair Barnes, du Centre pour la politique environnementale à l’Imperial College de Londres, qui a coécrit l’étude. Sans une transition plus rapide vers l’abandon des combustibles fossiles qui réchauffent la planète, la Californie continuera à devenir plus chaude, plus sèche et plus inflammable. »
Park Williams, professeur de géographie à l’université de Californie, estime de son côté que ces incendies sont particulièrement catastrophiques car « les maisons [souvent en bois, NDLR] ont été construites dans des zones où des incendies rapides et de forte intensité sont inévitables ». « Les communautés ne peuvent pas reconstruire à l’identique, car ce n’est qu’une question d’années avant que ces zones brûlées ne se végétalisent à nouveau» et ne redeviennent potentiellement inflammables.