Affaire P. Diddy : le rappeur accusé de vouloir faire chanter ses victimes depuis sa cellule de prison

P. Diddy tenterait-il de reprendre le contrôle du procès retentissant qui l’attend le 5 mai prochain ? C’est ce dont l’accusent les procureurs de l’État de New York dans un dossier judiciaire déposé vendredi 15 novembre. Les magistrats américains y affirment que le rappeur, Sean Combs, de son vrai nom, a tenté d’entrer en contact avec des victimes et des témoins potentiels de l’affaire et, ainsi, d’influencer l’opinion des jurés, depuis sa cellule de prison, rapporte Associated Press .

Depuis son incarcération dans un centre pénitentiaire de Brooklyn le 16 septembre dernier, les accusations de viols et trafic sexuel contre P. Diddy se multiplient. Pour l’heure, plus de 120 personnes, hommes et femmes, se disent victimes et une vingtaine de plaintes ont été déposées dans le cadre de ce que l’avocat des parties civiles, Tony Buzbee, considère comme «l’affaire du siècle»

Face aux risques de suicide, les autorités américaines avaient rapidement décidé de placer Sean Combs sous surveillance renforcée. Malgré ce dispositif, le rappeur de 55 ans peut passer des coups de téléphone. Dans le dossier déposé devant le tribunal fédéral de Manhattan, les procureurs déclarent avoir examiné les enregistrements de ses appels. Et selon les magistrats, le producteur à succès a demandé aux membres de sa famille de «contacter des victimes et des témoins potentiels» dans le but de les faire chanter pour qu’ils «gardent le silence ou fournissent des témoignages utiles à sa défense».

Récit et stratégie de marketing

Les procureurs l’accusent par ailleurs d’avoir réclamé à sa famille de monter de toutes pièces des «récits» et des stratégies de marketing afin d’«influencer l’opinion publique [...] et les jurés» de son procès. Depuis son incarcération, les six enfants de P. Diddy font, en effet, front commun pour soutenir leur père. Le 22 octobre dernier, ils ont tous posté une photo sur les réseaux sociaux pour lui souhaiter son anniversaire et se sont exprimés pour la première fois sur les accusations qui visent leur père. 

«Le mois dernier a dévasté notre famille. Beaucoup l’ont jugé, lui et nous, sur la base d’accusations, de théories du complot et de récits erronés qui ont tourné à l’absurde sur les médias sociaux. Nous sommes unis et nous nous soutenons à chaque étape. Nous nous accrochons à la vérité, sachant qu’elle prévaudra et que rien ne brisera la force de notre famille. Tu nous manques et nous t’aimons, papa», avaient-ils écrit.

Demande de remise en liberté

Le dépôt de ce dossier intervient après une nouvelle demande du producteur de remise en liberté sous caution. Le 8 novembre dernier, Sean Combs a proposé une nouvelle caution de 50 millions de dollars, garantie par son manoir à Miami. Son avocate Alexandra Shapiro a également proposé que le rappeur soit surveillé 24 heures sur 24 par du personnel de sécurité, qu’il soit placé en résidence surveillée et qu’il n’ait aucun contact avec les victimes présumées ou les témoins. Il s’agit de la quatrième demande de remise en liberté, après que les trois premières lui ont été refusées.

À travers ce dossier, les procureurs exhortent ainsi le juge à rejeter, encore une fois, la requête de l’artiste. «L’accusé a démontré à plusieurs reprises – même en détention – qu’il enfreignait de manière flagrante et répétée les règles afin d’influencer de manière inappropriée l’issue de son affaire. L’accusé a démontré, en d’autres termes, qu’on ne peut pas lui faire confiance pour respecter les règles ou les conditions», ont plaidé les magistrats. Le juge avait déjà rejeté la demande de Sean Combs visant à interdire à ses accusatrices de s’exprimer publiquement sur l’affaire. 

Ses avocats ont récemment fait valoir son droit à un procès équitable. Me Alexandra Shapiro a en effet déclaré qu’il était impossible pour P. DIddy de préparer son procès derrière les barreaux en raison de la quantité «incroyablement volumineuse» de documents à examiner, en particulier sans ordinateur portable. L’avocate a également indiqué que sa préparation a été entravée par les conditions de détention, à savoir les fermetures fréquentes du centre pénitentiaire et le fait que les officiers lui ont retiré les stylos qu’il utilisait pour prendre des notes.

La détention prive Combs de «toute possibilité réelle» d’être prêt pour le procès qui se tiendra le 5 mai prochain, ce qui viole ses droits en vertu de la Constitution des États-Unis, a finalement plaidé Alexandra Shapiro.