Surnommé "Too late" et critiqué par Donald Trump, le président de la banque centrale américaine est sous pression

Depuis des mois, Donald Trump le malmène en public. C'est devenu une rengaine pour le président américain : épingler Jérôme Powell, président de la FED, la banque centrale américaine, qu'il avait pourtant nommé en 2017, au moment de son premier mandat. Le président américain lui a même trouvé un surnom : "Too late", trop tard. Car il l'accuse d'avoir un train de retard sur la baisse des taux.

À cause de lui, les Américains ont beaucoup de mal à emprunter assure le président des États-Unis qui ne ménage pas ses coups. Si Jérôme Powell annonçait mercredi 17 septembre une baisse des taux, comme il l'a laissé entendre en août, il pourrait enfin obtenir un satisfecit de la Maison Blanche, et encore cela n'est pas certain.

Nommé par Donald Trump

Sur le papier, Jérôme Powell paraît pourtant compatible avec Donald Trump. Il est Républicain et connaît le monde de l'entreprise. D'abord avocat (comme son père) puis banquier d'affaires au sein de grands groupes notamment Carlyl, il fait ses premiers pas en politique en 1992, auprès de Georges W. Bush comme sous-secrétaire d'État au trésor.

Le président démocrate, Barak Obama, le nomme au conseil des gouverneurs de la FED en 2012. Il est vrai qu'il a une étiquette de Républicain plutôt modéré. Quand Donald Trump le porte cinq ans plus tard à la tête de la réserve fédérale américaine, le président américain lui tresse des lauriers : "Il possède la sagesse et les qualités de leader nécessaires pour guider notre économie à travers toutes les épreuves." Depuis, le ton a bien changé. En juillet, il demandait même au président de la FED de "démissionner immédiatement", en raison d'une affaire de travaux de rénovation du siège de la banque centrale.

Le président américain a étudié l'idée de démettre Powell avant la fin de son mandat en mai 2026. Il ne l'a pas caché. Mais interrogé sur le sujet il y a deux mois, il répondait que c'était "hautement improbable". À moins, disait-il que Jérôme Powell n'ait à quitter son poste pour fraude, en référence à cette affaire de travaux. En mai, la Cour suprême réaffirmait de son côté l'indépendance de la Réserve fédérale américaine.

Les marchés inquiets

Alors Donald Trump s'en prend aux membres du conseil des gouverneurs, licenciant l'économiste Lisa Cook qui avait été nommée sous Joe Biden sur des accusations de fraude immobilière, un motif qui semble assez fragile. La justice vient d'ailleurs d'annuler cette décision.

La question qui se pose est de savoir qui Donald Trump nommera en mai 2026 en lieu et place de Jérôme Powell ? Le président américain a cité tout récemment trois candidats potentiels : Kévin Hasset, son conseiller économique, Christopher Waller, un des gouverneurs de la FED, et Kevin Warsh, ancien membre du conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine.

Les marchés s'inquiètent de voir émerger une banque centrale américaine à la main du président et de ses décisions, avec une tentation isolationniste. Or en cas de crise, la FED joue le rôle de prêteur en dernier ressort pour les autres banques centrales, rappelle Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum AM. Ce qui se joue donc ce n'est pas seulement la stabilité de l'économie américaine mais celle de l'économie mondiale.