«Elon Musk est en train de détruire la marque» : un fonds danois s’agace des difficultés de Tesla

Les ennuis se poursuivent pour Elon Musk. Longtemps présentée comme l’une des firmes les plus prometteuses du monde automobile et portée au firmament en Bourse, sa firme phare, Tesla, traverse une zone de turbulences. À tel point que certains acteurs économiques n’hésitent plus à désapprouver publiquement la manière dont l’entreprise est gérée par le milliardaire, voire à critiquer son engagement politique aux côtés de Donald Trump.

Ce vendredi, le patron du fonds danois AkademikerPension, Jens Munch Holst, a ainsi pris la plume sur LinkedIn, pour critiquer la méthode Musk, et annoncer que son organisation n’investirait plus dans Tesla. «La patience finit par s’épuiser [...]. Quand on peut énumérer un large éventail de problèmes, année après année, sans aucune perspective d’amélioration - bien au contraire, en fait -, il est difficile d’affirmer que nous devons demeurer investis» aux côtés du constructeur automobile, résume le dirigeant du fonds, qui compte 130 employés et gère plus de 20 milliards de dollars d’actifs.

Pour l’homme d’affaires, Tesla souffre de trois problèmes majeurs. D’abord, l’entreprise «a une longue histoire de discrimination antisyndicale et sur le lieu de travail». Ensuite, sa direction manque d’indépendance, un «défi majeur» touchant notamment son conseil d’administration. Enfin, Elon Musk, devenu la «définition même de Tesla», porte préjudice à la marque. Par son engagement politique, sa diffusion de «fausses informations» et son soutien affiché à des personnalités «controversées»comme l’Afd, en Allemagne, le milliardaire «a créé des risques de rendement majeurs, car de nombreux investisseurs et clients ont tourné le dos à l’entreprise. [...] Elon Musk est, selon nous, en train de détruire la marque et la valeur», martèle l’investisseur.

«Il n’y a pas de véritable leadership»

Le fonds de pension, qui assure avoir tenté d’améliorer la situation de l’intérieur sans succès, précise à la presse danoise laisser une dernière chance à l’entreprise, lors de sa prochaine assemblée générale des actionnaires, en juin. Il espère obtenir alors des avancées sur le droit des employés à se syndiquer, mais admet ne pas avoir «beaucoup d’espoir que la proposition soit adoptée». En cas d’échec, il vendra ses actions Tesla, et exclura également l’entreprise américaine de ses opportunités d’investissement, à moins de voir des «changements fondamentaux et structurels» émerger par la suite. «Je ne suis pas optimiste quant à leur mise en œuvre dans un avenir proche», avance prudemment Jens Munch Holst.

Si le fonds danois demeure mineur, sa réaction est aussi représentative de l’agacement des gestionnaires, frustrés de la chute de l’action Tesla et des décisions d’Elon Musk. L’enjeu est de taille, alors que l’entreprise a vu sa valorisation fondre comme neige au soleil, passant d’un pic de 1540 milliards de dollars, mi-décembre, à un peu plus de 780, cette semaine. Une chute vertigineuse, dont pâtissent évidemment les actionnaires.

Ceux-ci s’énervent ainsi de voir le capitaine du navire délaisser son poste, pris par ses autres engagements. «Il n’y a pas de véritable leadership. C’est sa dernière priorité. Chez Tesla, nous n’avons donc pas eu de PDG concentré sur la vente de véhicules électriques, la croissance de l’entreprise, la rentabilité et le rendement pour les actionnaires», a par exemple regretté auprès de ABC Brad Lander, contrôleur de la ville de New York, qui détient quelque 1,2 milliard de dollars d’actions Tesla. Un sentiment partagé par l’homme d’affaires républicain Dave Portnoy, cité par le même média, et qui s’inquiète du temps consacré par le patron du constructeur à son rôle au sein de l’administration américaine, plutôt qu’à ses entreprises : «Serait-ce une coïncidence si l’action a chuté de 25 % depuis qu’il a commencé ? J’imagine. Mais je pense qu’il est juste, en tant qu’actionnaire de Tesla, de demander : "Que faites-vous pour les actionnaires ?"»