Journée des droits de la femme : l’égalité salariale progresse mais l’écart persiste
Les différences de salaires entre les hommes et les femmes se sont réduites d’un tiers en 30 ans. Mais derrière ces chiffres, une question demeure : que compare-t-on réellement ? Parle-t-on de postes identiques, de qualifications équivalentes, ou d’une moyenne ? À l’approche du 8 mars, journée internationale des droits de la femme, l’Insee répond à ce débat récurrent et Le Figaro fait le point.
Selon l’étude de l’Institut national de la statistique, publiée cette semaine, l’écart de rémunération entre les sexes diminue progressivement. Mais la différence reste toujours marquée. En 2023, le revenu annuel moyen des femmes dans le secteur privé s’élevait à 21 340 euros, contre 27 430 euros pour les hommes, soit une différence de 22,2%. Cet écart s’explique en grande partie par un volume de travail inférieur : les femmes sont davantage en temps partiel et connaissent souvent des interruptions dans leur carrière.
Mais même à temps plein, la différence subsiste. En 1995, le salaire net des femmes était inférieur de 22,1% à celui des hommes, contre 14,2% aujourd’hui. Une amélioration notable, due à plusieurs facteurs : meilleure représentation des femmes dans certains secteurs et la hausse de leur niveau d’études, notamment. Mais tout est loin d’être parfait. L’étude de l’Insee met en lumière une réalité souvent occultée : les femmes ne sont pas réparties de la même manière que les hommes dans l’échelle des salaires. Si elles occupent 42% des emplois du privé à temps plein, elles ne sont que 24% à faire partie des 1% des postes les mieux rémunérés.
L’écart de salaire net en équivalent temps plein (EQTP) est de 3,8% lorsque l’on compare des postes identiques au sein d’une même entreprise. Une différence qui peut sembler faible, mais qui explose lorsqu’on prend en compte l’évolution des âges : une femme de moins de 25 ans touche en moyenne 4,3% de moins que son homologue masculin, mais cet écart grimpe à 24,9% chez les salariés de 60 ans et plus. L’Insee révèle également que les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes croissent avec la taille de l’entreprise : plus l’entreprise a de salariés, plus les inégalités sont grandes.
La maternité cause un «creusement de l’écart de salaire »
Autre enseignement marquant de l’étude : la maternité joue un rôle clé dans ces inégalités. Plus une femme a d’enfants, plus l’écart avec ses collègues masculins se creuse. En 2022, une mère de trois enfants ou plus gagnait en moyenne 28,2% de moins qu’un père du même âge. Une différence qui ne s’explique pas uniquement par une réduction de temps de travail, mais aussi par un ralentissement durable de carrière après chaque naissance. Or, certains écarts persistent malgré des mesures mises en place. Selon la Cour des Comptes, les différentes lois et sanctions visant à réduire cet écart salarial ne sont «pas encore respectées» ou «insuffisamment appliquées». À l’approche du 8 mars, ces chiffres rappellent que la bataille pour l’égalité salariale ne se joue pas seulement sur les fiches de paie, mais aussi dans l’organisation et la perception des rôles professionnels.