Assurance-chômage : la dégradation du marché de l'emploi et les prélèvements de l'État plombent les comptes de l’Unédic

Fin 2024, l'Unédic, l'organisme en charge de l'assurance-chômage, prévoyait un léger excédent de 1,5 milliard d'euros. Cependant, la réalité est bien différente : les comptes de l'Unédic devrait finir l'année 2025 avec un déficit de 200 millions d'euros.

Le principal facteur de cette dégradation financière est un retournement de conjoncture, avec une remontée du chômage. Entre fin 2023 et fin 2024, France Travail, l'ancien Pôle emploi, a enregistré 100 000 nouveaux inscrits. Bien que tous ces demandeurs d'emploi ne soient pas indemnisés, plus de 2,5 millions de personnes bénéficient actuellement d'une allocation chômage. Pour 2024, l'Unédic prévoit même 50 000 destructions d'emplois supplémentaires, ce qui aggrave encore la situation.

Cette conjoncture difficile explique en grande partie la dégradation des comptes. Toutefois, il y a un autre facteur qui met les syndicats et le patronat hors d'eux : l'État continue de prélever de l'argent sur l'Unédic. L'assurance-chômage finance, en partie, l'apprentissage et le fonctionnement de France Travail. Cette pratique, bien que non-nouvelle, a pris une ampleur inquiétante ces dernières années. Depuis 2018, les prélèvements de l'État sur l'Unédic ont augmenté, et lors de la crise du Covid, l'assurance-chômage avait même financé en partie le chômage partiel. 

Aujourd'hui, les partenaires sociaux dénoncent des prélèvements de plus en plus importants, qui devraient atteindre entre 12 et 13 milliards d'euros entre 2023 et 2026. L'agacement des syndicats et du patronat est tel qu'ils ont adressé une lettre au Premier ministre François Bayrou, mais, pour l'instant, ils n'ont reçu aucune réponse. 

L'endettement croissant de l'Unédic

Face à la pression financière, l'Unédic s'endette pour continuer à financer ses activités. Dans un contexte de hausse des taux d'intérêt, la dette de l'Unédic devrait atteindre près de 60 milliards d'euros d'ici deux ans. Selon les partenaires sociaux, cette dette aurait pu être réduite de plusieurs milliards si l'État n'avait pas procédé à ces prélèvements réguliers. 

Alors que syndicats et patronat doivent discuter du financement du régime des retraites, ces nouvelles prévisions arrivent à un moment délicat. En parallèle, la Cour des comptes doit rendre jeudi 20 février ses conclusions sur le financement des retraites, un sujet qui, vu  la situation de l'Unédic, promet d'alimenter davantage les tensions.