Ligue des champions : le FC Barcelone, un nouvel Everest pour Brest

Au football comme dans la vie, il y a parfois ce que l’on dit et ce que l’on pense vraiment. Avec une différence souvent notable. Le Stade Brestois, étonnant quatrième de Ligue des champions et invaincu après quatre journées, se retrouve dans cette situation avant de défier le FC Barcelone ce mardi (21 heures, Canal+ Sport). Des dirigeants à l’entraîneur en passant par les joueurs, tous avancent que le match le plus important de la semaine pour le club… est la réception de Strasbourg samedi prochain comptant pour la treizième journée de Ligue 1. Comment les croire ?

Dans les faits, les protagonistes ont pourtant raison. Avec trois défaites consécutives en championnat, dont celle à Monaco vendredi soir (3-2), ce qui porte le total à sept en douze journées et un classement qui incite à plutôt regarder vers le bas (12e à trois points des barrages), le club breton coince dans le pain quotidien que représente le feuilleton L1. D’où l’importance du rendez-vous face aux Alsaciens. Pour autant, comment ne pas imaginer les Brestois rêver depuis des semaines à ce voyage dans la cité catalane pour défier le mythe Barça et ses cinq Ligue des champions au compteur ? L’attente, l’atmosphère, l’ambiance, la présence de 3000 supporteurs bretons, l’hymne catalan, les stars espagnoles… A vous filer des frissons, quand on sait que Brest vit déjà un moment inoubliable dans son histoire.

Brest quasiment qualifié en barrages

Depuis le tirage au sort, tous les supporteurs ne pensent qu’à deux choses : ce voyage dans la deuxième ville d’Espagne et la réception du Real Madrid le 29 janvier prochain. Le jour J arrive. Avec des rêves plein la tête et le fantasme inavoué de faire tomber le Barça dans son jardin du stade olympique de Montjuic, le mythique Camp Nou étant en cours de modernisation. 

« C’est une petite équipe qui nous est programmée, on essayera de ne pas avoir trop de complexes de supériorité pour faire un bon résultat là-bas », avouait, ironique, Éric Roy, vendredi. Au classement, ce sont pourtant les Bretons qui devancent leur adversaire du soir, leader de Liga mais tenu en échec à deux reprises en championnat (défaite contre Real Sociedad, match nul samedi face au Celta Vigo). « Si nous leur manquons de respect, nous le paierons cher », a prévenu le défenseur catalan Inigo Martinez à la veille du choc. C’est fou comme une simple petite phrase peut se muer en compliment.

Le FC Barcelone et son budget de plus de 800 millions d’euros (contre 50 M€ aux Bretons) qui ne bombe pas le torse avant d’accueillir les « Ty Zefs » (surnom des joueurs du Stade Brestois), c’est déjà une victoire en soi. Les hommes d’Éric Roy, quasiment qualifiés en barrages (le statisticien Opta ne leur donne que 0,7 % de risque de les rater), méritent ces louanges. Sturm Graz (2-1), Salzbourg (0-4), Leverkusen (1-1) et le Slavia Prague (1-2), battus ou accrochés, savent désormais où se situe Brest sur la carte européenne, même si les matchs à domicile de l’un des Petits Poucets de la compétition se disputent à Guingamp, normes UEFA obligent. Un succès historique à Barcelone donnerait une teinte encore plus féerique à un parcours qui ne cesse de détonner.

Lamine Yamal forfait

Même sans leur pépite Lamine Yamal, les Blaugranas, seulement battus par l’AS Monaco lors de la première journée (2-1), s’avancent comme un Everest pour des Bretons privés aussi de leur chef d’orchestre, Pierre Lees Melou, indisponible jusqu’à début 2025. Lewandowski, Raphinha, Olmo, Gavi, De Jong, Koundé, Cubarsi… Le Barça ne manque pas de qualités pour interrompre la belle histoire des « irréductibles Gaulois ». « C’est une bonne équipe, très bonne en transition, il sera très important de contrôler la balle, avance Hansi Flick, méfiant et encore agacé par l’accroc face à Vigo ce week-end. Ils ont très bien joué en Ligue des champions, c’est plus difficile pour eux dans leur championnat. Il faudra être concentré pour les battre. » Et si cette fois le coach barcelonais disait vraiment ce qu’il pense ?