Libye : 28 corps d’exilés exhumés d’une fosse commune dans un centre tenu par un réseau de trafiquants d’êtres humains
Après une opération des forces de sécurité dans un centre tenu par un réseau de trafiquants d’êtres humains, les corps de 28 exilés originaires d’Afrique subsaharienne ont été retrouvés dans une fosse commune près du lieu en question, dans la région de Koufra, dans l’extrême sud-est de la Libye, a indiqué dimanche 9 janvier le bureau du procureur général libyen.
Et dans ce centre de détention « illégal », 76 exilés originaires d’Afrique subsaharienne étaient séquestrés, a précisé la même source. Le même jour, des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient des individus émaciés portant des cicatrices sur le visage, les membres et le dos.
Une enquête a permis d’identifier l’existence d’une bande dont les membres y « séquestraient des migrants irréguliers, les torturaient et les soumettaient à des traitements cruels, dégradants et inhumains », a ajouté le bureau du procureur. Trois personnes ont été arrêtées, un Libyen et deux étrangers, a-t-il ajouté sans plus de détail.
Une fosse commune contenant 65 corps d’exilés retrouvée en mars 2024
La Libye, située à environ 300 kilomètres des côtes italiennes, est devenue l’une des principales plaques tournantes du trafic d’êtres humains sur le continent. Le pays est gouverné par deux exécutifs rivaux – l’un à Tripoli (ouest), reconnu par l’ONU, l’autre à Benghazi (est) soutenu par le clan du maréchal Khalifa Haftar.
Des dizaines de milliers d’exilés d’Afrique subsaharienne, y sont la proie de trafiquants, quand ils ne meurent pas en tentant la périlleuse traversée de la Méditerranée. Au moins 25 000 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la grande bleue depuis 2014.
Le bureau du procureur général, basé à Tripoli, a ordonné, à la fin du mois de janvier, l’incarcération de deux membres d’une bande criminelle accusées de torture à l’encontre de 263 exilés originaires d’Afrique, dans le but d’extorquer des rançons. Selon lui, la bande opérait dans un camp de rétention dans la zone d’Al-Wahat, une région désertique sous le contrôle des forces du maréchal Haftar, à environ 750 kilomètres au sud-est de Tripoli.
En mars 2024, une fosse commune contenant « au moins 65 corps de migrants » avait été découverte dans le sud-ouest de la Libye, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Et pour cause. Les exilés sont les victimes directes du chaos politique et sécuritaire dans lequel la Libye est plongée depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 à la suite d’une révolte populaire.
Dans le cadre de la présentation d’un rapport de l’ONG Amnesty International intitulé « La Libye est pleine de cruauté », Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG, assurait déjà, en 2015 : « Sans moyens légaux pour fuir et rechercher la sécurité, (les migrants) sont contraints de mettre leur vie aux mains de passeurs qui cyniquement les extorquent, maltraitent et attaquent. » Dix ans plus tard, force est de constater que cette situation mortifère se poursuit.
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