« Jusque-là, c’est un peu moyennasse… » Thibaud Flament, le deuxième ligne des Bleus, résume parfaitement le sentiment général de cette tournée d’automne. Une défaite logique face à l’Afrique du Sud (17-32) et un succès laborieux face aux Fidji (34-21). Reste désormais au XV de France à sortir la tête haute, à enflammer son public, lors de la dernière levée face à l’Australie. Des Wallabies qui semblent en bout de course, lessivés après une saison à rallonge, et qui viennent d’enchaîner trois lourdes défaites en Europe, face à l’Angleterre (25-7), à l’Italie (26-19) puis à l’Irlande (46-19). Une dernière humiliation à Dublin qui fait tache.
« Nous travaillons dur et la fatigue n’est pas une excuse, a déploré le sélectionneur australien, Joe Schmidt. Nous devons proposer une performance de quatre-vingts minutes. » Avant de concéder : « Nous essayons d’ajuster la charge au ressenti des joueurs, on ne peut pas fouetter un cheval mort. Je n’ai jamais connu un bloc de tests aussi long. La plus longue pause qu’ils ont eue depuis six mois, c’est huit jours. C’est une fatigue émotionnelle autant que physique. C’est un vrai défi. »
Passer la publicitéLes Australiens entendent donc cependant sauver la face avant de partir en vacances. Et s’éviter un zéro pointé lors de leur tournée automnale dans l’hémisphère Nord, ce qui serait une première depuis… 1958 ! Mais, surtout, ce dernier match revêt pour les deux équipes un enjeu crucial en vue de la prochaine Coupe du monde, sur l’île-continent, en 2027. Actuellement septièmes au classement mondial, les Wallabies ne font, pour l’instant, pas partie les six premiers mondiaux et n’ont pas de statut de tête de série de « leur » Mondial avant le tirage au sort des poules, qui aura lieu le 3 décembre.
Les doutes sont de retour
Un succès au Stade de France de 16 points, ou plus, et ils coifferaient sur le poteau les Français, actuels cinquièmes. « On n’en parle pas, c’est interdit, balaie en souriant Thibaud Flament. Si on arrive avec, désolé pour l’expression, la crotte au cul, en se disant : “Si on perd, il va se passer ça, on va vivre ça”, c’est qu’on n’est pas prêts. » Les chiffres parlent pour la troupe de Fabien Galthié, qui reste sur deux victoires de rang contre l’Australie, à chaque fois au Stade de France, en novembre 2022 (30-29), puis en août 2023 (41-17).
Sauf que ces Wallabies, s’ils montrent le pire cet automne, ont été capables du meilleur cet été, en battant les Lions britanniques et irlandais lors du dernier des trois tests (21-18) ou en faisant plier les Springboks à Johannesbourg (22-38). « Ils ont accroché chacune des grosses nations du Sud. Donc, on se méfie énormément de cette équipe australienne, acquiesce Laurent Sempéré, l’un des adjoints tricolores en charge des avants. Nous sommes en alerte. » Ces Bleus, privés de nombreux cadres (Dupont, Atonio, Cros, Mauvaka, Moefana…), ne sont pas à l’abri d’une sortie de route.
Avec la menace de se retrouver dans une situation similaire à celle du Mondial 2023, où, en n’étant pas tête de série, ils avaient dû ferrailler avec les All Blacks dès la phase de poule. Malgré les belles promesses de la victoire dans le dernier Tournoi des six nations, les doutes sont revenus à l’automne, illustrés par une inquiétante fébrilité offensive. « C’est dans ce type de moments, quand on n’est pas en réussite totale, que je ressens le plus de motivation, le plus d’implication, le plus d’engagement, le plus d’honnêteté », avance néanmoins Fabien Galthié. Un dernier coup de collier avant la fin de l’année. Histoire de ne pas tout gâcher.