États-Unis : une sage-femme texane arrêtée et inculpée risque jusqu’à 20 ans de prison pour avoir pratiqué des avortements
Depuis que le droit à l’avortement n’est plus constitutionnel, María Margarita Rojas, sage-femme de 48 ans, est la première personne poursuivie au pénal au Texas. Propriétaire de plusieurs cliniques, elle a été arrêtée et inculpée pour avoir « pratiqué des avortements illégaux », ont annoncé les autorités locales lundi 17 mars. Elle risque jusqu’à vingt ans de prison. Jose Ley, l’un de ses salariés, a également été arrêté, selon le site d’information The Texas Tribune. Contacté par l’Agence France-Presse, le réseau de cliniques de María Margarita Rojas n’a pas donné suite.
Dans la foulée de l’abolition par la Cour suprême en 2022 de l’arrêt Roe v. Wade, datant de 1973, le Texas a compté parmi les premiers États à s’empresser d’interdire l’avortement : il s’agit de l’un des États précurseur dans la croisade anti-IVG, qui détient aussi une des législations parmi les plus restrictives à ce sujet. L’interdiction est en vigueur même dans les cas de grossesse consécutive à un viol ou un inceste. Une seule exception : quand la vie de la femme enceinte est menacée – un critère pas précisément défini, dénoncent les défenseurs du droit à l’avortement, ce qui retarde la prise en charge médicale le cas échéant.
Une inculpation pour « pratique illégale d’avortement »
Selon un communiqué du bureau du procureur général du Texas Ken Paxton, la praticienne texane, « connue sous le nom de Docteur Maria », est poursuivie pour avoir pratiqué des avortements dans trois cliniques du nord-ouest de Houston dont elle est propriétaire. Elle « a été placée en garde à vue dans le comté de Waller et inculpée pour pratique illégale d’avortement, ainsi que pour exercice de la médecine sans licence », précise le texte. « Je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger les enfants à naître » et « défendre les lois « pro-vie » de notre État », affirme le procureur général Ken Paxton dans le communiqué.
Holly Shearman, sage-femme à la tête d’un centre où María Margarita Rojas travaillait à temps partiel, l’a décrite comme une « fervente catholique » et une sage-femme compétente, dont les cliniques prodiguaient des soins à « une communauté majoritairement hispanophone et à faibles revenus », rapporte la journaliste Eleanor Klibanoff du site d’information The Texas Tribune.
Une médecin de New York, Margaret Carpenter, a été condamnée à une amende de 100 000 dollars au Texas et est poursuivie au pénal dans l’État voisin de Louisiane, pour avoir prescrit des pilules abortives à distance à des patientes résidentes de ces territoires.
Dans ces États conservateurs, les femmes qui souhaitent avorter n’ont que deux solutions : voyager jusque dans un autre État qui les y autorise ou obtenir des pilules abortives par correspondance.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
- nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus