Le parfum d’une époque : 2010, Bleu de Chanel

Si les couleurs avaient une odeur, pour Chanel, le bleu serait forcément un accord cèdre au souffle parfumé de vétiver et d'encens. Un aromatique boisé à la simplicité accessible. Car tout le monde aime le bleu. Et ce quels que soient le sexe, les origines sociales, la profession ou le bagage culturel. « En français, bleu est devenu un mot magique, un mot qui séduit, qui apaise, qui fait rêver. Un mot qui fait vendre également. (…) La musique du mot est douce, agréable, liquide ; son champ sémantique évoque le ciel, la mer, le repos, l'amour, le voyage, les vacances, l'infini », écrit l'historien Michel Pastoureau dans Bleu. Histoire d'une couleur (Seuil). Surtout, s'il plaît tant unanimement, c'est précisément parce qu'il serait symboliquement moins marqué que d'autres couleurs : il est calme et pacifique, neutre et presque banal. « Le bleu n'agresse pas, il ne transgresse rien ; il sécurise et rassemble », continue Pastoureau.