À l’Assemblée, le PS fait adopter une loi visant à généraliser le repas à un euro pour tous les étudiants

Les socialistes tentent de marquer les esprits. Après la non-censure du gouvernement Bayrou, la semaine dernière, le groupe PS à l’Assemblée nationale profitait ce jeudi de sa journée de niche parlementaire pour mettre à l’ordre du jour quelques-unes de ses propositions axées sur la vie quotidienne des Français. « Nous souhaitons continuer à démontrer notre capacité à ramener des victoires », prévenait, avant le début de la journée, le président du groupe, le député des Landes Boris Vallaud.

En fin d’après-midi, les socialistes ont sans doute obtenu leur victoire la plus symbolique. Pour la première fois, ils sont parvenus à faire adopter une proposition de loi visant à généraliser le repas à un euro pour tous les étudiants. Un texte voté à 149 voix pour et 5 voix contre. « Les étudiants ont faim », avait introduit la rapporteur du texte, la présidente socialiste de la commission des affaires culturelles, Fatiha Keloua Hachi. Avant de dénoncer l’« accroissement de la précarité étudiante » et de chiffrer le coût d’une telle proposition à 90 millions d’euros par an.

Une «mesure injuste socialement», avait ensuite dénoncé le ministre de l’Enseignement Philippe Baptiste, s’opposant frontalement à l’adoption du texte, estimant même qu’il constitue «un système au bénéfice des plus privilégiés». Mais la présence très limitée des macronistes, et surtout de la droite Les Républicains dans l’Hémicycle a donc permis à la gauche, en surnombre, de faire adopter cette proposition. Mais la partie est loin d’être gagnée : pour entrer en vigueur, le texte devra être adopté dans les mêmes termes au Sénat. Impossible au vu de sa majorité, à droite et au centre.

Un peu plus tôt dans la journée, les socialistes sont parvenus à marquer des points sur d’autres sujets. Il est 9 heures quand la première proposition de loi est débattue : celle de la députée de Martinique Béatrice Bellay pour lutter contre la vie chère dans les outre-mer. Un texte qui vise à aligner dans les territoires ultramarins les prix des produits de première nécessité et de consommation courante sur ceux pratiqués dans l’Hexagone. Pendant que les députés du Rassemblement national et ceux des Républicains sont très peu présents dans l’Hémicycle, la gauche, elle, est très mobilisée. Même les Insoumis, très remontés après la défection socialiste la semaine dernière sur leur motion de censure, sont presque tous présents. « Nous sommes solidaires puisque les propositions de loi présentées font partie ou sont en lien avec le programme du Nouveau Front populaire. C’est notre seule boussole », défend la députée LFI Anaïs Belouassa Cherifi.

«Il y a quand même une Constitution…»

Au banc, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, ne s’oppose pas au texte socialiste. Ce qui ne l’empêche pas de critiquer certaines de ses dispositions. « Il y a quand même une Constitution, donc on peut considérer que ce n’est pas important, que ce n’est pas grave. Ou alors on considère que c’est sérieux… », raille-t-il notamment. Quelques minutes plus tard, le texte est adopté, avec 180 voix pour, une seule contre.

Un peu plus tard, place à deuxième proposition de loi, défendue par le député de Mayenne Guillaume Garot, et visant à instaurer un nombre minimum de soignants par service hospitalier. Un texte déjà adopté au Sénat, mais que le gouvernement ne souhaite pas voir validé tel quel, évoquant un « principe de réalité ». « Attention de ne pas voter quelque chose d’irréalisable uniquement pour se faire plaisir. (…) Cela enverrait un signal très négatif aux soignants », avertit le ministre de la Santé, Yannick Neuder. Sauf qu’une adoption « conforme », dans les mêmes termes qu’au Sénat, serait synonyme d’adoption définitive.

Et le temps presse, estiment les défenseurs de cette proposition. Contre son groupe, la vice-présidente Horizons de l’Assemblée fait une prise de parole remarquée : elle est favorable à ce texte « qui propose de tracer une voie et un cadre intéressants ». La gauche applaudit, le ministre et le président de la commission des affaires sociales, son collègue Horizons Frédéric Valletoux, bougonnent. Le texte est finalement adopté de manière conforme, grâce, encore une fois, à la forte mobilisation dans les rangs de la gauche et à l’abstention du camp présidentiel : 138 voix pour, 3 contre.