Le 28 novembre 1972, très tôt le matin, Robert Badinter longe le haut mur de la prison de la Santé. Il fait un froid de loup, mais intérieurement l’avocat filiforme bouillonne. Quelques instants plus tôt, derrière ces mêmes pierres, la guillotine s’est abattue sur l’un de ses clients, Roger Bontems, pourtant innocenté du double crime commis dans la prison de Clairvaux l’année précédente par son codétenu Claude Buffet, exécuté en même temps que lui.
Pour Robert Badinter, à qui Georges Pompidou a refusé d’accorder la grâce, le choc est immense. À l’échec stratégique de l’avocat s’ajoute une honte profonde. « Je me suis dit : « Tant que je vivrai, je...