Fumigènes à la Philharmonie, boules puantes au Dôme de Paris... Quand l’activisme pro-Gaza s’invite au spectacle

Depuis les débuts de la guerre, des militants utilisent la scène artistique pour se faire entendre, à travers des actions pacifiques ou des opérations plus agressives. Comme celle qui a perturbé la Philharmonie de Paris, jeudi soir.

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Tant pis pour Beethoven. Des activistes ont perturbé la représentation de l’Orchestre philharmonique d’Israël à Paris, jeudi soir, avant que le concert ne puisse suivre son cours. Quatre personnes sont en garde à vue, dont une personne fichée S. Si une telle action dans le temple de la musique classique est une rareté, elle a été précédée par de nombreuses autres contestations dans des lieux de spectacle, depuis les débuts de la guerre à Gaza.

Enrico Macias visé au Dôme de Paris

En mars de cette année la salle de spectacle accueillait près de 4000 spectateurs à l’occasion d’un concert du chanteur de 85 ans, adversaire revendiqué de LFI, sympathisant de la cause israélienne et soutien de la paix au Moyen-Orient. « Il y avait des énergumènes qui ont voulu nous saboter le spectacle », avait réagi l’interprète de Ma patrie, qui préfère La Boule rouge aux boules puantes, dans un mélange d’humour et de flegme. Avant de poursuivre le concert, dissipant les mauvaises odeurs par le souvenir des fleurs d’orangers de son Algérie natale.

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Un été militant

Dans le sillage du turbulent groupe irlandais Kneecap, soutien du Hezbollah libanais, les revendications propalestiniennes ont déferlé cet été sur les scènes et dans le public, prenant en étau les organisateurs. Pêle-mêle, cet été militant a été marqué par l’annulation d’un chanteur pro-israélien à Tomorrowland, en Belgique, par une forte présence drapeaux à Avignon, mais aussi par une manifestation de pro-Israël contre la présence de Kneecap, au festival Rock en Seine. Un concert auquel s’était opposée la ville de Saint-Cloud.

Désobéissance au Café de la Danse

En octobre 2024, la Suisso-algérienne Flèche Love a invité le chanteur palestinien Bashar Murad à la rejoindre sur scène à la fin de son concert. Une personne dans la fosse a crié « Free Palestine ! », certains spectateurs se sont noué des keffiehs sur la tête. Bashar Murad a lui-même attrapé un drapeau provenant du public, contrevenant à une clause du contrat interdisant toute manifestation politique. La salle parisienne du quartier de la Bastille, d’une capacité de 500 places, a annoncé par la suite ne plus inviter d’artistes israéliens ou palestiniens. Avant de changer d’avis.

Du rififi à Courbevoie

Une septuagénaire en colère. En novembre 2024, à l’Espace Carpeaux de Courbevoie, une femme dans le public n’a pas accepté la présence d’un keffieh sur scène. Il était accroché au micro de la contrebassiste accompagnant la chanteuse américaine Dee Dee Bridgewater. Cris de colère, échauffourées avec d’autres spectateurs : la situation s’est envenimée. La chanteuse s’est exprimée, avant de passer le micro au directeur de la salle, qui a lui-même cédé la parole à la fille de l’artiste... La police a fini par intervenir, mais le concert n’a jamais pu reprendre en raison, selon Télérama, de la mauvaise volonté de la spectatrice outrée.

Amir, persona non grata

Un chanteur populaire empêché. Après avoir fait l’objet d’une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux, le franco-israélien Amir reçoit des excommunications au cours de sa tournée actuelle formulées par des militants LFI ou des activistes propalestiniens. Ils lui reprochent sa participation, en 2014, à un événement organisé par la colonie de Hébron - illégale au regard du droit international, - et sa présence lors d’une soirée en soutien à Tsahal. « C’est bien avant le 7-Octobre, s’était-il défendu. Chanter en soutien à des jeunes gens est quelque chose qui se fait, ces gens nous protègent du terrorisme et des menaces extérieures. C’est comme aller chanter pour les pompiers ou les gendarmes en France. »