La cantatrice Béatrice Uria-Monzon, interprète inoubliable de Carmen, est morte à l'âge de 61 ans

La cantatrice franco-espagnole Béatrice Uria-Monzon est morte à l'âge de 61 ans des suites d'une longue maladie, samedi 19 juillet, annonce à l'Agence Radio France l'agence artistique Cédelle qui la représentait.

Béatrice Uria-Monzon c'était "la passion et un certain sens de la grandeur", indique son agent Thérèse Cédelle. Sa grande qualité, c'était "une franchise absolue, elle ne savait pas mentir" et était d'"une nature solaire". C'était "une belle actrice et pas uniquement une chanteuse", ajoute Thérèse Cédelle qui a été agent de la cantatrice pendant quatre décennies. Béatrice Uria-Monzon était indissociable du personnage de Carmen, dont l'interprétation révolutionnaire à l'Opéra de Paris en 1993 l'a propulsée sur les plus grandes scènes d'opéra à travers le monde.

Depuis l'annonce de sa disparition, les hommages se multiplient, rapporte France musique. "Adieu ma Béa", a posté sur son compte Facebook le ténor Roberto Alagna qui fut à la scène son partenaire en Don José (lors notamment d'une soirée mémorable aux Chorégies d'Orange, à l'été 2004).

Christophe Ghristi, le directeur du Théâtre du Capitole de Toulouse où la chanteuse s'est souvent produite écrit : "Carmen pour l’éternité, elle a fait une carrière extraordinaire. Le monde entier l’a acclamée dans ce rôle, de Vienne à New York, et de Paris au Capitole".

L'ancien directeur des Chorégies d'Orange, Raymond Duffaut, lui rend aussi hommage par ces mots : "Voilà 40 ans que j’ai eu le plaisir de te rencontrer au CNIPAL de Marseille, dont tu étais la pensionnaire la plus prometteuse et emblématique, ce qui t’a amenée à faire en 1986 tes premiers pas sur la scène d’Orange dans la 'Donna' de Lady Macbeth".

De Supertramp à Carmen

Née à Agen le 28 décembre 1963, d'une mère française et d'un père peintre espagnol, Béatrice Uria-Monzon grandit auprès de ses cinq frères et sœurs à l'écoute du flamenco. Adolescente, elle préfère le rock de Supertramp et de Cat Stevens à la musique classique, qu'elle connaît très peu. C'est au Lycée catholique Saint-Jean de Lectoure, dans le Gers, qu'elle découvre le chant choral, au travers d'un atelier mené par un professeur de philosophie mélomane, rappelle France musique. Elle intègre par la suite le cours de Monique de Pondeau au Conservatoire de Bordeaux, puis le Centre National d'Insertion Professionnelle d'Artistes Lyriques (CNIPAL) à Marseille, où elle fait ses classes pendant deux ans auprès de Pali Marinov.

L'École d'Art Lyrique de l'Opéra de Paris lui ouvre à son tour les bras jusqu'en 1989, date de sa toute première apparition marquante dans le rôle de Chérubin dans Les Noces de Figaro de Mozart, à l'Opéra national de Lorraine. L'année suivante, elle incarne à l'Opéra de Rouen Normandie, le personnage de Charlotte dans Werther de Massenet - compositeur favori dont elle ne cesse par la suite de personnifier les héroïnes : Hérodiade, Dulcinée (Don Quichotte), Chimène (Le Cid), Anita (La Navarraise) et Cléopâtre.