Toute «l’amitié» que Philippe Aghion porte à Gabriel Zucman ne l’empêche pas d’avoir «un désaccord» avec lui sur la taxe éponyme. Invité ce mardi matin sur Radio Classique, le récent prix Nobel de l’économie a critiqué ce dispositif défendu par la gauche. «Je crois que telle qu’elle est conçue elle décourage l’innovation» a-t-il dit, citant en exemple Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI, dont l’entreprise ne réalise pas encore de revenu mais est valorisée à près de 12 milliards d’euros. «Il doit chercher des financiers pour payer ses impôts au lieu de se financer pour innover, donc il est en désavantage par rapport à ses concurrents qui cherchent des financiers pour innover, explique-t-il. Ça veut dire que l’IA ne se fait pas en France».
Philippe Aghion avait déjà exprimé son désaccord avec Gabriel Zucman sur ce dispositif lors d’un débat. «Mon seul problème avec le dispositif Zucman, c’est qu’il inclut l’outil de travail. Gabriel, si tu es quelqu’un qui démarre une boîte qui est très valorisée, tu n’es pas un homme riche, tu n’as pas les revenus. Et si tu mets ta taxe uniquement en France, tu vas transformer la France en prison fiscale et tu vas faire tomber son attractivité», avait-il argumenté.
Passer la publicitéPortée par la gauche, la taxe a été rejetée lundi en commission des Finances par le camp gouvernemental et le Rassemblement national dans le cadre de l’examen du projet de budget 2026. Un nouveau débat aura lieu dans l’hémicycle à partir de vendredi, en séance publique. Le dispositif prévoit de faire payer aux contribuables ayant au moins 100 millions d’euros de patrimoine un impôt minimum de 2% sur ce patrimoine, y compris professionnel.