Piégé, Voyage avec mon père, The Amateur... Les films à voir et à éviter cette semaine

Piégé - À voir

Thriller/Suspense de Yarovesky - 1h35

Non mais quelle idée de vouloir voler la voiture d’Anthony Hopkins ! Eddie Barrish (Bill Skarsgård) ne s’en sort plus. Escroc et père divorcé d’une gamine qu’il adore, il se retrouve dans une situation impossible. Sa voiture, dont il a tant besoin pour travailler, est au garage. Il lui faut un véhicule pour sortir de l’ornière. La chance sourit à notre voleur, qui aperçoit un luxueux SUV noir dont la porte n’est même pas fermée à clé. Bill Skarsgård pénètre dans l’habitat tout sourire. Et le piège se referme. « Je m’appelle William, dit Anthony Hopkins à l’autre bout du fil. Ceci est ma voiture. Vous êtes le septième à tenter de me voler mon véhicule. Je veux seulement vous offrir un petit avant-goût de l’enfer. »

Le réalisateur David Yarovesky tricote un huis clos automobile sous tension intense et immersif. Le film fait de la voiture un personnage à part entière. Piégé tient diablement la route, sans que le spectateur n’ait la moindre envie de quitter son fauteuil… contrairement à Bill Skarsgård. O.D.

Voyage avec mon père - À voir

Comédie dramatique de Julia von Heinz - 1h52

Direction la Pologne. Ruth, journaliste people à New York, décide d’emmener son père Edek, rescapé d’Auschwitz à Birkenau. Avec cette escapade, elle espère qu’il se confiera sur son passé. Mais retourner là-bas n’enchante guère Edek. Il ne tient pas à retrouver l’immeuble où il a grandi. Tant pis, c’est chose faite. Ils visitent des villes, des cimetières, rencontrent deux traductrices sur le retour. Ses souvenirs, il les a entourés de barbelés. Jusqu’au jour où il craque et que la communication se révèle enfin possible. Les sentiments raflent la mise. Il était temps.

Beau film, simple, doux et profond, signé Julia von Heinz. L’humour constant n’ôte rien à la gravité de la situation. Le passé s’immisce dans le présent et montre que l’oublie ne gagnera jamais. É.N.

Le village aux portes du paradis - À voir

Drame de Mo Harawe - 2h14

Mo Harawe, réalisateur somalien installé en Autriche, a tenu à poser sa caméra dans son pays natal pour Le Village aux portes du paradis, l’histoire de trois personnes d’une même famille face aux obstacles du quotidien. Un film très réaliste avec une majorité d’acteurs non professionnels. Selon les jours et les opportunités, Mamargade est chauffeur, mécanicien ou fossoyeur. Il élève seul son fils Cigaal et partage son logement avec sa sœur Araweelo. Quand l’urgence consiste à avoir assez d’argent pour se nourrir, l’avenir s’imagine rarement au-delà du lendemain. Alors, le jour où l’école de Cigaal ferme, Mamargade réfléchit longuement avant de placer son petit garçon au pensionnat dans la grande ville voisine. Une décision qui apporte des tensions à la maison.

Mo Harawe prend son temps pour dévoiler ses personnages. Il choisit des séquences courtes - la majorité sans musique -, installant chacun dans son univers, ses soucis et sa débrouille. Laissant des questions en suspens pour apporter plus tard la réponse. On est loin du Paradis, nom du village. Mo Harawe montre l’humanité sous toutes ces facettes. F. V.

La jeune femme à l’aiguille - À voir

Drame de Magnus von Horn - 2h02

Ça ne va pas fort. Elle n’a plus un sou. Son propriétaire menace de l’expulser. La guerre sévit en Europe. À Copenhague en 1918, Karoline est couturière dans une usine de textile qui s’est reconvertie dans la fabrication d’uniformes. Les aiguilles se cassent sur le rugueux tissu. La misère est son lot quotidien. Cette innocente n’a plus de nouvelles de son mari, qu’elle présume tombé au combat. Ça n’est pas une raison pour se jeter au cou de son patron. Ce bourgeois en habit la culbute dans une impasse. Elle se met à croire au prince charmant. Quelle erreur ! La voilà enceinte.

En format carré, dans un noir et blanc tirant presque sur le sépia, cette Jeune femme à l’aiguille saute à la gorge. Magnus von Horn (Sweat) ne prend pas le cinéma pour un simple divertissement. Le réalisateur frôle le fantastique, trempe un pied dans l’expressionnisme, prouve que le malheur arrive à devenir terriblement photogénique. Le film remonte si loin, si haut, qu’il pourrait presque être muet. C’est l’enfance de l’art. É.N.

The Amateur - On peut voir

Thriller de James Hawes - 2h03

Cryptographe introverti de la CIA, Charlie Heller (Rami Malek) s’effondre quand son épouse meurt dans une prise d’otages à Londres. Ayant accès à des dossiers compromettants, il fait chanter ses patrons pour obtenir le droit de se venger seul. Sauf qu’il n’a ni les compétences, ni l’instinct d’un tueur à sang froid. Son unique atout reste sa maîtrise de l’informatique et des nouvelles techniques de surveillance.« Il était crucial que Heller reste un héros inattendu, ordinaire et sous-estimé » déclare au Figaro le réalisateur James Hawes.

Suspense efficace et divertissant à l’ancienne, The Amateur suit un protagoniste qui regarde par-dessus son épaule, ne reste jamais longtemps dans la même ville. Anti-James Bond, Charlie Heller sillonne l’Europe hors des sentiers battus. The Amateur se veut aussi une réflexion sur le deuil, la solitude et ce que coûte de voir et d’administrer la mort de près. C.J.

Mikado - À éviter

Comédie dramatique de Baya Kasmi - 1h34

Une famille circule dans un vieux van aménagé et bringuebalant sur les routes provençales. Mikado (Félix Moati) et Laetitia (Vimala Pons) forment un couple fantaisiste, aux aguets comme l’oiseau sur la branche. Ils élèvent leurs deux enfants dans un esprit bohème apparemment empreint de liberté. Les enfants ne sont pas déclarés à l’état civil, ni inscrits à l’école. Sédentarisé de force dans le jardin de la propriété de Vincent, Mikado, qui ne conçoit la vie que dans le mouvement, commence à se sentir de plus en plus mal.

Pour son troisième film, la scénariste et réalisatrice Baya Kasmi a tenté d’instiller de la chronique sociale dans une comédie estivale. Plus grave, moins drôle, assez incommodant, Mikado suscite un malaise diffus. On ressort de Mikado perplexe, agacé d’avoir enduré les errances d’un long-métrage qui ne sait jamais sur quel pied danser. O.D.