Violemment agressée, l’élue de Saint-Denis Oriane Filhol est connue pour son engagement auprès des femmes

Alors qu’elle quittait une réunion de travail, Oriane Filhol, adjointe au maire de Saint-Denis, a été violemment agressée mercredi soir dans une allée privative de la commune. L’élue a été projetée à terre d’une balayette par deux individus qui la suivaient dans la rue, avant d’être frappée à coups de poing et de pied. Les deux hommes ont ensuite pris la fuite à bord d’une berline noire. Ils sont toujours recherchés par les enquêteurs.

En charge des solidarités, de l'accès au droit et du droit des femmes, Oriane Filhol est la deuxième adjointe du maire PS Mathieu Hanotin depuis juillet 2020. Elle est aussi conseillère départementale de la Seine-Saint-Denis, où elle s’occupe de la jeunesse et de la lutte contre les discriminations. «C’est une élue de gauche très engagée et surtout extrêmement dynamique. Elle est sur tous les fronts, notamment en ce qui concerne les femmes», décrit Étienne Fillol, adjoint au maire à Alfortville et ami de l’élue. «Son dernier combat, c’était les Bains Douches de la commune, qui ont été inaugurés en octobre dernier. Elle en parlait depuis deux ans».

Prostitution des mineurs

Les qualités de terrain de l’élue et ses combats sont aussi applaudis à la maison des femmes de Saint-Denis, qui offre des soins de proximité aux habitantes. «Elle participe à toutes nos campagnes de sensibilisation. Elle est très investie ces derniers temps sur les questions de prostitution des mineurs, c’est une vraie gangrène dans le département», explique là-bas sa directrice, le Docteur Gada Hatem. Elle décrit, elle aussi, une femme déterminée à mener ses missions à bien. Au point d’en être victime ?

À ce stade, les raisons de cette violente agression demeurent d'autant plus opaques que les individus n'ont rien volé à l'adjointe au moment des faits. Alors que l'enquête devra déterminer si le passage à tabac est lié à sa fonction, les réactions de soutien de la classe politique se sont faites nombreuses ce jeudi, et appuient déjà en filigranes cette hypothèse, dans un contexte où menaces et agressions d'élus se multiplient ces derniers mois.

Pressions

Le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, a ainsi dénoncé ce jeudi «une agression lâche» qui semble «étroitement liée à sa condition d’élue». «Ils l’ont attendue à la sortie de son travail, ils l’ont suivie puis ils l’ont tabassé, c’est acte prémédité !», explose de son côté le maire PS de Saint-Ouen Karim Bouamrane, qui condamne «l’agression de trop» au sein de la classe politique. «Ce n’est pas un hasard, c’est la République qui est touchée en son coeur».

En juillet dernier, l’élue s’était déjà attiré les foudres d’administrés à l’occasion d’une campagne d’affichage anti-sexiste. À l’époque, la commune accueillait une fouille archéologique de grande ampleur au cours de laquelle plusieurs femmes scientifiques avaient rapporté avoir été victimes de commentaires sexistes et discriminants pendant leurs heures de travail. «Aucun propos à caractère islamique et religieux» n'a été prononcé, avait alors balayé Oriane Filhol pour faire taire la polémique, «ce n'est pas le sujet et ce n'est pas ce qu'il s'est passé».

En parallèle, des affiches «Adoptez le bon comportement» avaient été placardées sur les grilles du chantier par la mairie. «L'objectif est de rappeler aux gens que le harcèlement de rue est un délit, punissable par la loi», avait alors déclaré l’élue au Figaro. Elle avait ensuite fait l’objet de pressions et d’intimidations par commentaires sur les réseaux sociaux, fermement condamnées par le maire Mathieu Hanotin sur X.