Plan de paix en Ukraine : les intentions de Donald Trump bientôt dévoilées
Combien de fois a-t-il parlé à Vladimir Poutine ces derniers mois ? "je ferais mieux de ne pas le dire", répond le président américain, inquiétant volontairement l'Ukraine et ses alliés et mettant en scène sa fameuse imprévisibilité. C'était à bord d'Air Force One dans la soirée du vendredi 7 février. Répondant aux questions du tabloïd américain New York Post, Donald Trump annonce qu'il s'est entretenu avec Vladimir Poutine au téléphone, qu'il est confiant dans leur "bonne relation", que le président russe "veut que les gens arrêtent de mourir" et que lui-même a "un plan".
Quelles sont ses intentions précises ? On pourrait en savoir plus en fin de semaine à l'occasion de la Conférence sur la sécurité de Munich, en Allemagne. Ce "Davos de la Défense", grand-messe annuelle du monde diplomatico-militaire, se tiendra du 14 au 16 février avec, pressentis au casting, le vice-président des États-Unis JD Vance, qui arrive lundi 10 février à Paris pour le sommet international sur l'IA, le secrétaire d'État américain Marco Rubio et l'émissaire de Donald Trump pour l'Ukraine Keith Kellogg. Le chef du Pentagone, Pete Hegseth, est lui attendu au siège de l'Otan à Bruxelles, jeudi 13 février. Il s'agit des premières visites officielles de responsables américains en Europe depuis l'investiture du 20 janvier.
Donald Trump lui-même viendra-t-il à Munich ? la rumeur est non-confirmée, mais pas totalement écartée, le président américain ayant évoqué une rencontre cette semaine avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Donald Trump veut régler le problème "en 100 jours" et son objectif est clair : il ne veut plus payer. Le vice-président JD Vance est l'un des plus fervents supporters d'un retrait définitif du soutien américain à l'Ukraine. L'agence pour le développement USAID a déjà suspendu son aide à Kiev pour 90 jours.
Donald Trump veut se désengager du conflit tout en trouvant des accords qui lui soient favorables : deal avec les Européens, qui assureraient leur propre sécurité en lui achetant des armes ; deal avec le président ukrainien qui lui réserverait ses terres rares. Mais les paramètres concrets de la négociation restent incertains : gains territoriaux pour la Russie ? neutralisation de l'Ukraine et engagement à ce qu'elle n'intègre pas l'Otan ? changement d'interlocuteur à Kiev, ce que réclame Moscou ? tout est possible... y compris la pression maximale sur Vladimir Poutine, sous la menace d'un renforcement des sanctions américaines.
Les Européens veulent être à la table des négociations
Les discussions s'accélèrent, y compris entre Européens. Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot a invité ses homologues allemand, polonais, italien et espagnol - ainsi que leur homologue britannique et la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas - à une réunion mercredi 12 février à Paris pour arrêter une position commune. Les Européens craignent d'être exclus de la négociation et qu'un accord entre Washington et Moscou soit scellé au détriment de la souveraineté ukrainienne et de la sécurité européenne. À l'instar du président ukrainien Volodymyr Zelensky, les Vingt-sept ont misé sur le dialogue avec Donald Trump et espèrent le convaincre qu'un plan de paix trop favorable à la Russie constituerait un aveu de faiblesse et attiserait l'appétit chinois pour Taïwan. Pékin, la seule véritable obsession du président américain.