Légalisation du cannabis : ce rapport parlementaire qui coupe l’herbe sous le pied à la propagande de Darmanin et Retailleau

Leurs préconisations sont à rebours de la campagne de culpabilisation et de répression au nom de la lutte contre le « narcoterrorisme » du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui affirme qu’« un joint a le goût du sang, il a le goût des larmes ».

Un rapport transpartisan cosigné par les députés Ludovic Mendes (EPR) et Antoine Léaument (FI) et rendu public ce 17 février préconise au contraire de légaliser le cannabis récréatif, en l’accompagnant de politiques de prévention. « Il faut voir la lutte contre les stupéfiants comme une question de santé publique, au même titre que la lutte contre la consommation d’alcool », argue le député insoumis.

Cinq millions de personnes ont consommé du cannabis au minimum une fois en 2023 en France et une personne sur deux en consomme au cours de sa vie, selon les parlementaires. Or, selon Alternatives économiques, le budget pour la répression des stupéfiants a été multiplié par 3,5 en quinze ans. Il représentait en novembre 2024 1,8 milliard d’euros de dépenses pour l’État, alors même que le nombre d’usagers reste stable – preuve que les politiques actuelles sont un échec.

Des propositions qui font tousser Darmanin

Les deux élus souhaitent ainsi « inventer un modèle français de régulation des stupéfiants » et rappellent que ce marché parallèle « repose sur une logique économique basique fondée sur les lois du marché capitaliste ». Ils proposent dans leur rapport de l’« assécher », avec la création d’une autorité administrative indépendante chargée de la régulation du cannabis.

Antoine Léaument et Ludovic Mendes imaginent même « un prix inférieur à 5 euros le gramme, pour concurrencer efficacement le marché illégal ». Et prônent aussi la dépénalisation de la possession (en dessous de 3 grammes) de nombreuses autres substances à l’instar de la MDMA, des champignons hallucinogènes, et de l’héroïne.

Ce « afin de concentrer l’action répressive sur les trafiquants », plutôt que sur les petits consommateurs. « Cela fait trente ans que l’on explique que le consommateur de drogue est un délinquant, complice du trafiquant, qu’il a du sang sur les mains. Ça n’a jamais rien changé », affirme Ludovic Mendes dans le Parisien.

Les opérations « Place nette », mises en place en 2023 par Gérald Darmanin, sont « inutiles et parfois nuisibles », pointe aussi le rapport. Visé, l’ex-ministre de l’Intérieur, désormais à la Justice, s’en est pris au travail des députés, estimant que la proposition de légaliser était un « discours de défaite ». Promoteur de la politique répressive contre les stupéfiants, Gérald Darmanin avait fait adopter l’amende forfaitaire de 200 euros pour les usagers en 2020.

Ce travail parlementaire fait écho à un autre rapport, produit en 2021 par Robin Reda, ancien député « Les Républicains » et Jean-Baptiste Moreau, ex-député Renaissance, et qui défendait aussi la légalisation. Mais ce débat semble se heurter à une éternelle impasse. Alors pourquoi pas le soumettre au référendum ou à un grand débat public ? C’est ce que suggèrent les deux députés, alors que le président Emmanuel Macron annonçait lors de ses vœux vouloir demander aux Français de « trancher » certains « sujets déterminants ».

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