Notre critique de The Last Showgirl, portrait sans scénario

Notre critique de The Last Showgirl, portrait sans scénario

Pamela Anderson est dans ce film Shelly, danseuse de cabaret dans un casino de Las Vegas. FREDERIC J. BROWN / AFP

CRITIQUE - Gia Coppola, petite-fille de Francis Ford, met en scène la star d’Alerte à Malibu en danseuse de cabaret à Las Vegas. Un film qui manque de scénario.

Passer la publicité

Dans la famille Coppola, je demande la petite-fille. Gia Coppola est la fille de Gian-Carlo, le fils aîné de Francis Ford. Elle n’a jamais connu son père. En 1986, au moment du tournage de Jardins de pierre, Gian-Carlo meurt décapité par une chaîne en faisant du hors-bord, à l’âge de 23 ans. Gia Coppola est devenue réalisatrice. The Last Showgirl est son troisième film, après Palo Alto et Mainstream.

Il a un air de famille avec Somewhere, de sa tante Sofia, récompensée du lion d’or à la Mostra de Venise en 2010. La fille de l’auteur du Parrain mettait en scène une star hollywoodienne abrutie par les médicaments et l’alcool dans sa chambre du Château Marmont, avant de donner un sens à sa vie en voyant débarquer sa fille de 11 ans (Elle Fanning). L’acteur dépressif était joué par Stephen Dorff, lui-même ancienne gloire éphémère. Le rôle de sa vie, dans tous les sens du terme.

La mise en abyme est à peine moins évidente dans The Last Showgirl. Pamela Anderson y est Shelly, danseuse de cabaret dans un casino de Las Vegas. Après trente ans à l’affiche, la revue s’arrête. L’heure du bilan, des doutes, du déclin, ou du rebond. Shelly trimbale les mêmes valises que son interprète, 57 ans, et des désillusions à la pelle.

Cover-girl pour Playboy, bimbo en maillot de bain dans Alerte à Malibu, victime de la chirurgie esthétique, d’un chantage à la sextape, du machisme et d’une industrie du divertissement sans scrupule, Pamela Anderson a touché le fond. Avant de remonter à la surface, de reprendre le contrôle sur sa vie. Le « narratif », comme on dit aujourd’hui. Elle a publié en 2023 son autobiographie, Love, Pamela, prolongée par Pamela, a Love Story, diffusé sur Netflix. L’ex-sex-symbol à la voix haut perchée, désormais apôtre du « no make-up », a de l’amour à revendre. Gia Coppola a d’ailleurs pensé à Pamela Anderson pour jouer Shelly en voyant le documentaire de Netflix.

Photogénie inchangée

Las Vegas sert de décor à ce portrait d’artiste au crépuscule de sa carrière. Sa photogénie ne change pas, surtout captée en pellicule 16 mm. Ciel bleu sans nuages le jour, néons la nuit. Sin City (« la ville du péché ») reste un mirage au milieu du désert. Rien de neuf sous le soleil. Rien de très palpitant non plus. Jamie Lee Curtis, copine et serveuse de casino qui ne boit pas que de l’eau, disparaît trop vite du tableau. Sa danse sur la chanson Total Eclipse of the Heart, de Bonnie Tyler, seule sur un podium d’un casino, est pourtant la scène la plus étonnante. La relation entre Shelly et sa fille Hannah, partie réussir sa vie loin de sa mère avant de revenir, est à peine traitée. Censée conduire à un dénouement apaisé, entre rédemption et résilience, elle laisse de marbre. Il manque un vrai scénario à The Last Showgirl pour dépasser la simple curiosité. Pamela Anderson a déjà supporté beaucoup de choses dans son existence cabossée pour devoir en plus porter sur ses épaules un film de Gia Coppola.

La note du Figaro : 1,5/4