Non-indépendantiste, d’origine kanake… Qui est Alcide Ponga, élu président de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie

Élu mardi 31 décembre par les membres du Congrès, le nouveau gouvernement de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie a finalement réussi à s’accorder sur un nom : Alcide Ponga. Après une première tentative infructueuse, mardi 7 janvier, les onze membres du gouvernement calédonien se sont à nouveau rassemblés mercredi et ont réuni six voix en faveur de l’élu kanak âgé de 49 ans, non-indépendantiste et issu du mouvement le Rassemblement-les Républicains.

Son concurrent Samuel Hnepeune a obtenu trois des cinq voix indépendantistes, l’Union nationale pour l’indépendance, qui dispose de deux sièges, ayant choisi de s’abstenir. Maire depuis 2014 de la petite commune minière de Kouaoua, sur la côte est de l’île principale, Alcide Ponga est aussi le premier Kanak à présider Le Rassemblement-Les Républicains, depuis le 21 avril dernier. Diplômé de sciences politiques, il a effectué sa carrière dans la mine, un secteur aujourd’hui en grande difficulté mais qui reste le premier pourvoyeur d’emploi privé dans l’archipel. Il succède à l’indépendantiste Louis Mapou, dont le gouvernement a été renversé le 24 décembre 2024.

Un « manque de fermeté » face à l’État

Plus de sept mois après la révolte et les épisodes de violence qui ont ébranlé l’archipel, la Kanaky-Nouvelle-Calédonie sort donc de l’incertitude. Et ce, alors que la situation sur place reste fragile : treize morts, près de 2 500 gendarmes et policiers déployés et presque autant d’arrestations, des centaines d’entreprises et de bâtiments publics détruits, un chômage et des inégalités béants, près de 2 milliards d’euros de dégâts… Mais surtout une société fracturée et un dialogue au point mort.

Le gouvernement de l’indépendantiste Louis Mapou, en place depuis trois ans, a par la suite été renversé, le 24 décembre dernier à la suite du départ de l’exécutif du mouvement Calédonie ensemble (centre-droit, non-indépendantiste) qui critiquait un « manque de fermeté » face à l’État dans le cadre des discussions pour l’aide à la reconstruction du territoire, dont l’économie a été fragilisée par la révolte – et la répression des autorités qui a suivi – qui a débuté en mai dernier.

Jusqu’ici les négociations n’ont donc « pas permis de nous entendre autour d’un contrat de gouvernance », a réagi Philippe Dunoyer, candidat du parti Calédonie ensemble, à l’issue du vote. Ce dernier a annoncé sa démission, moins d’une heure après l’élection d’un exécutif.

Une partie des indépendantistes s’est abstenue, de même que le mouvement de centre-droit non-indépendantiste Calédonie ensemble, qui avait pourtant annoncé déposer la candidature de Philippe Dunoyer, la semaine dernière. Cela « n’empêchera pas le fonctionnement des institutions », a tenu à préciser le candidat, qui sera remplacé par Jérémie Katidjo-Monnier, en seconde place sur sa liste.

Les membres du gouvernement calédoniens sont en effet élus lors d’un scrutin de liste. En cas de démission, c’est le suivant sur celle-ci qui prend la place de l’élu démissionnaire. Seul le retrait de l’ensemble de la liste provoque la chute du gouvernement, comme avec Calédonie ensemble, le 24 décembre dernier. « Le gouvernement Mapou n’a pas été renversé pour qu’on débouche sur un blocage institutionnel, assure Philippe Dunoyer. Dès la prochaine réunion du gouvernement, mon remplaçant apportera sa voix à la candidature d’Alcide Ponga à la présidence. »

Une aide de 154 millions d’euros débloquée

Le protocole d’accord, signé entre l’archipel et le gouvernement, prévoyait le versement de 231 millions d’euros, à condition que trois réformes fiscales soient adoptées avant le 31 décembre : la création d’un jour de carence en cas d’arrêt maladie dans la fonction publique, l’augmentation de la cotisation calédonienne de solidarité et la hausse de la taxe générale sur la consommation (TGC, équivalent de la TVA).

Si les deux premières l’ont été, fin décembre, la chute du gouvernement dirigé par Louis Mapou a bloqué l’adoption de la dernière. En attendant, une aide de 154 millions d’euros a été débloquée, soit les deux tiers de l’enveloppe initialement prévue.

Aux côtés de celles et ceux qui luttent !

L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.

  • En exposant la violence patronale.
  • En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
  • En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.

Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !
Je veux en savoir plus.