«Les moins riches, ils n’ont pas de voiture» : la maladresse de Pannier-Runacher dans un débat sur les ZFE

«Les moins riches, ils n’ont pas de voiture» : les propos d’Agnès Pannier-Runacher sur les ZFE font polémique

«Il faut les accompagner (les utilisateurs) et concentrer les aides pour les aider à changer de véhicules», a affirmé la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher sur BFM TV ce mardi. Tom Nicholson / REUTERS

Invitée sur BFM TV, la ministre de la Transition écologique est revenue sur le sujet brûlant de cette réglementation, qui doit être examiné mardi à l’Assemblée nationale. «On les a tellement fait paniquer avec ce dispositif» s’est plainte la membre du Gouvernement.

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Une telle déclaration, prononcée ce mardi par Agnès Pannier-Runacher, n’est pas passée inaperçue. Interrogée sur le fait que les restrictions de circulation imposées par les vignettes «Crit’Air 3» concernent aussi les «moins riches», la ministre de la Transition écologique a affirmé de but en blanc que «les moins riches, ils n’ont pas de voitures, ce sont en ceux qui sont le moins équipés».

La ministre était invitée dans l’émission «Première Édition» de BFM TV pour évoquer le sujet de la pollution de l’air. Le sujet brûlant des Zones à faible émission (ZFE) était au centre de la discussion, alors que l’Assemblée nationale examine ce mardi 8 avril un texte demandant leur suppression.

«Les ZFE sont un des outils pour baisser la pollution de l’air»

«La pollution est un sujet de santé publique majeur», s’est alarmée Agnès Pannier-Runacher, rappelant les «48.000 décès» chaque année recensés par Santé Publique France ces cinq dernières années. Elle ajoute que «ce sont les plus précaires qui sont impactées, ceux qui habitent en proximité des axes routiers, notamment dans les habitants des logements sociaux ». Selon la ministre, «les ZFE sont un des outils pour baisser la pollution de l’air», notamment dans les grandes agglomérations. «Aujourd’hui à Lyon, à Paris, on est deux fois au-dessus des seuils fixés par l’OMS». La ministre a toutefois souhaité «rassurer» sur l’application de la réglementation, qui ne concerne actuellement que les véhicules roulant régulièrement au sein des agglomérations lyonnaise et parisienne, soit 650.000 véhicules.


 Aujourd’hui, les ZFE interdisent à la circulation les véhicules étiquetés «Crit’Air 3», soit ceux roulant au diesel antérieurs à 2011 ou roulant à l’essence et antérieurs à 2006. Selon ses détracteurs, elles pénaliseraient de nombreux usagers qui n’ont pas les moyens pour acheter un nouveau véhicule. Tout en évoquant «les moins riches, qui n’ont pas de voiture», Agnès Pannier Runacher a estimé qu’il faut «accompagner» ces utilisateurs , et «concentrer les aides pour les aider à changer de véhicules». «Sur la métropole du Grand Paris, vous avez des aides pour acheter une voiture d’occasion» , a-t-elle précisé.

« On les a tellement fait paniquer avec ce dispositif qui rentre à peine en vigueur, et on ne leur a tellement pas parlé des aides, je comprends qu’il y ait ce sentiment d’assignation à résidence. »

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique

Avec ces aides, les usagers auront-ils tout de même la possibilité de changer de véhicule ? «On les a tellement fait paniquer avec ce dispositif qui rentre à peine en vigueur, et on ne leur a tellement pas parlé des aides, je comprends qu’il y ait ce sentiment d’assignation à résidence. Et c’est insupportable d’empêcher des gens de se déplacer», tout en annonçant vouloir lancer un «colloque de la qualité de l’air avec toutes les grandes agglomérations de plus de 150.000 habitants», pour «avoir une meilleure communication» sur ces aides.

De nombreux internautes ont réagi sur X après les déclarations tenues par la ministre de la Transition écologique. «Comment peut-on être totalement déconnecté de la réalité d’un tiers des Français qui vivent dans la réalité ?», s’est exclamé l’écrivain Alexandre Jardin.

La ministre a réagi sur son compte X personnel, rappelant que 4,3 millions de Français n’ont accès à aucun moyen de transport, «qu’il soit individuel ou collectif». «Le nier, c’est invisibiliser les plus précaires», argue-t-elle, tout en rappelant que «chacun doit avoir le droit de circuler et surtout les plus vulnérables».