REPORTAGE. "Avec la campagne électorale, le commerce est morose" : en Iran, l'élection présidentielle plombe l'économie

En Iran, le grand bazar de Téhéran fait figure de thermomètre pour la conjoncture économique du pays. Poumon commercial historique de la capitale, là où on trouve de tout, tapis, épices, tissus, or et bijoux, généralement très animé, l'endroit connaît pourtant une ambiance particulière : les commerçants font grise mine en ce moment. "Avec la campagne électorale, le commerce est morose", explique Ali, propriétaire d'une boutique d'accessoires de vêtements. "La principale raison de ce mauvais climat, c'est l'élection présidentielle. Généralement, la politique a un impact direct sur les affaires. Si la politique va bien, les autres choses iront bien aussi", précise-t-il.

Les quelque 61 millions d'électeurs iraniens sont appelés aux urnes ce vendredi pour élire un nouveau président, après l'accident d'hélicoptère fin mai qui a coûté la vie à l'ancien chef de l'Etat Ebrahim Raïssi. En parallèle, l'économie iranienne est sous pression, plombée par les sanctions internationales et par une très forte inflation, officiellement de 40% par an.

La monnaie locale s'est dépréciée fortement par rapport au dollar. Résultat : le porte-monnaie de ses clientes est vide, constate Akbar depuis son échoppe de tissu et de tchador. "Il faut augmenter les salaires, il faut stopper l'inflation, car les prix n'arrêtent pas d'augmenter", affirme-t-il.

"Le prix d'un tchador était compris entre 200 000 et 250 000 tomans. Mais depuis deux ou trois ans, il coûte 1 million et demi. Une mère et ses deux filles venaient acheter trois rouleaux de tissus. Mais maintenant, la mère n'a plus les moyens."

Akbar, vendeur de tissus sur le bazar de téhéran

à franceinfo

L'arrivée d'un nouveau président va-t-elle redonner des couleurs au pouvoir d'achat des ménages ? Dans sa mercerie, Maryam n'est guère optimiste : "D'après moi, les gens n'ont pas d'espoir pour leur futur", estime-t-elle. Et d'ajouter : "Si le nouveau président élu est à l'écoute de nos problèmes pour les résoudre, peut être que l'espoir renaîtra. Si on avait une économie stable, il y aurait de l'espoir pour les enfants, les adolescents et la génération future."

Mais dans le grand bazar de Téhéran, les commerçants ne se font guère d'illusions.