À Pokrovsk, les derniers habitants dans le nœud coulant de l’armée russe: le récit de l’envoyé spécial du Figaro

Dans le quartier de Sonyachnyy, dans le sud de Pokrovsk, les larges immeubles soviétiques semblent assoupis derrière les panneaux de contreplaqué qui protègent les fenêtres. Il est 9 heures et le couvre-feu ne prendra fin que dans deux heures. Seul le vent bruisse dans les feuillages des tilleuls. Mais toutes les deux à trois minutes, le grondement des bombardements ininterrompus vient troubler le silence de ces rues fantomatiques. Mardi, encore deux habitants sont morts, fauchés par l’artillerie dans leurs propres jardins. Pokrovsk n’est plus qu’à sept kilomètres de la ligne de front, les troupes russes sont aux portes de la ville ukrainienne et menacent depuis trois mois d’un siège en bonne et due forme. Au fil des semaines, la petite agglomération s’est peu à peu vidée de ses habitants. Il ne reste aujourd’hui que quelque 16.000 habitants sur les 62.000 qui y vivaient avant l’offensive.