À Avion, la mairie sommée de décrocher une banderole en faveur de la Palestine par la préfecture sur demande du RN

La justice n’en veut plus sur le fronton de la mairie ? La banderole trône depuis lundi soir sur le rond-point de la Paix, à l’entrée de la ville d’Avion (Pas-de-Calais). Désormais, à côté de la célèbre citation de Jacques Prévert « Quelle connerie la guerre », s’affiche ce message : « Cessez-le-feu immédiat. Pour le respect du droit international. Stop aux massacres à Gaza ! » L’accrochage a été effectué ce 18 août devant 400 personnes qui ont défilé depuis l’hôtel de ville.

Tout commence le 10 août, lorsque le maire PCF Jean Létoquart poste sur les réseaux sociaux une photo de la banderole, accrochée depuis près d’un mois. Émoi du député Rassemblement national de la circonscription, Bruno Clavet, qui explique dans un communiqué avoir « demandé aux services de l’État d’intervenir afin que la neutralité du service public soit respectée et la banderole retirée ».

Ignorant que le drapeau qui accompagne la banderole symbolise la paix – une colombe sur fond de bandes multicolores –, il en rajoute dans l’outrance et les amalgames, estimant qu’« accrocher cette banderole sous le drapeau LGBT (sic) est à la fois une provocation et une preuve d’ignorance » car « le groupe terroriste du Hamas et les islamistes radicaux traquent, molestent, décapitent et violent les homosexuels quand ils ne se servent pas des civils pour se protéger des bombardements israéliens ».

« Ce qui est affiché ici n’est pas partial »

Le soir même, Jean Létoquart reçoit un coup de fil de la préfecture, suivi d’un courrier le lendemain, réclamant au nom du « principe de neutralité » le retrait de la banderole et du drapeau, avec la même erreur grossière sur la signification de ce dernier. Saisi en « déféré-neutralité », le tribunal administratif de Lille se prononce dans le même sens le 16 août.

La municipalité s’est donc pliée à la décision de justice, mais à sa façon. L’occasion pour le maire de rappeler que cette banderole ne fait que répéter « l’exigence de paix » de la municipalité : « Nous l’avons fait pour l’Ukraine, par exemple. Je l’ai fait aussi et nul ne peut l’ignorer le 7 octobre 2023 lors de l’attaque terroriste du Hamas. » « Ce qui est affiché ici n’est pas partial », insiste-t-il, « la Cour pénale internationale a tranché » en émettant un mandat d’arrêt contre le premier ministre israélien.

Militer pour la paix à Avion remonte d’ailleurs à loin, du monument aux morts pacifiste de 1924 proclamant « Tu ne tueras point » à la banderole de 1957 appelant à « une paix concertée en Algérie », qui vaudra la révocation au maire communiste Amédée Capron.

Ce lundi, aux côtés des nombreux habitants de la commune mobilisés, des militants du PCF, de la CGT, de Solidaires, de la FSU, de la Ligue des droits de l’homme (LDH) ou de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS). La délégation de l’AFPS Nord-Pas-de-Calais, qui a également soutenu il y a quelques jours le maire LFI de Faches-Thumesnil (Nord), attaqué pour avoir pavoisé sa mairie du drapeau palestinien, nous confie vouloir pousser les politiques à « demander des sanctions » contre Israël.

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