Affaire Joël Guerriau : confrontation entre le sénateur et la députée qui l’accuse de l’avoir droguée

Une confrontation a opposé vendredi 17 novembre les parlementaires de Loire-Atlantique Joël Guerriau (Horizons) et Sandrine Josso (MoDem), la seconde accusant le premier de l'avoir droguée à son insu. Le sénateur affirme avoir cru s'être procuré un «euphorisant» pour sa propre consommation, la députée dénonce une «trahison».

Cette confrontation a duré près de deux heures au 3e district de la police judiciaire de Paris, dans le cadre de la garde à vue de Joël Guerriau pour «administration à une personne, à son insu, d'une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes pour commettre un viol ou une agression sexuelle». «Sandrine Josso est toujours en état de choc», a déclaré à son issue son avocate, Me Julia Minkowski.

«Trahison et incompréhension»

«Elle a dû déployer des forces physiques et intellectuelles monumentales pour surmonter sa terreur et s'extirper in extremis de ce guet-apens. À cela s'ajoute un sentiment de trahison et d'incompréhension totale. Joël Guerriau était un ami depuis une dizaine d'années, en lequel elle avait toute confiance», a précisé à l'AFP Me Minkowski.

Me Rémi-Pierre Drai, conseil du sénateur, estime que «la confrontation a permis à (son) client de confirmer avec force sa version des faits, qui ne permet pas à ce stade de l'enquête de caractériser une quelconque infraction. L'enquête se poursuivra comme il se doit». Vendredi matin, le ministre Christophe Béchu, secrétaire général du parti Horizons fondé par Edouard Philippe, a affirmé que le sénateur ne pouvait «rester au sein du parti (...) s'il y (avait) le moindre doute». Samedi matin à 9h doit se tenir un bureau politique. «Nous aurons l'occasion d'évoquer cette situation», a ajouté le ministre de la Transition Écologique.

«Sachet en plastique»

La plaignante se serait sentie mal après avoir pris un verre dans la nuit de mardi à mercredi au domicile parisien du sénateur, âgé de 66 ans, avec qui elle n'entretenait pas de relation intime, d'après le ministère public. Selon son avocate, Sandrine Josso a été «prise de malaises après avoir bu une coupe de champagne», puis a aperçu Joël Guerriau «se saisir d'un petit sachet en plastique contenant quelque chose de blanc, dans un tiroir de sa cuisine».

«Elle a alors compris qu'il était en train de la droguer à son insu», affirme Me Minkowski. Des prélèvements dans l'organisme de Sandrine Josso ont révélé la présence d'ecstasy, avait indiqué jeudi le parquet de Paris, confirmant une information de RMC. Des perquisitions ont ensuite été menées au bureau du sénateur, ainsi qu'à son domicile où les enquêteurs ont retrouvé de l'ecstasy, selon le parquet.

«Il s'agirait d'ecstasy»

D'après des sources proches du dossier, Joël Guerriau a raconté avoir cru s'être procuré, auprès d'un membre du Sénat, un euphorisant et non de l'ecstasy, pour sa propre consommation afin de faire face à ce qu'il a décrit comme des épreuves personnelles. «A priori les premiers éléments dont je dispose tendraient à établir qu'il s'agirait d'ecstasy», a indiqué vendredi matin sur RTL la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau.

Les investigations sont menées sous l'égide du parquet de Paris, qui a ouvert une enquête en flagrance, une procédure qui permet de ne pas avoir besoin de demander la levée de son immunité parlementaire. Banquier de profession, élu à la haute assemblée depuis 2011, Joël Guerriau est secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées.