Incendie de Courchevel : l'accusé clame son innocence

La cour d'assises de Savoie s'est retirée mardi 27 mai 2025 pour décider du sort d'Hicham Abderraouf, un Algérien accusé d'avoir mis le feu en 2019 à une résidence pour saisonniers à Courchevel, qui avait fait deux morts et de nombreux blessés. Le suspect a nié jusqu’au bout en être l’auteur. «Je n'ai rien à voir, ni de loin ni de près avec l'incendie. Je ne veux pas servir de pansement, ni être le seul bouc émissaire dans cette affaire», a-t-il lancé aux jurés dans une ultime prise de parole.

Cet Algérien de 28 ans, déjà condamné pour trafic de stupéfiants et qui s'était enfui pendant la procédure, est jugé depuis huit jours pour «destruction du bien d'autrui par un moyen dangereux» ayant entraîné la mort et des infirmités permanentes, ainsi que pour détention d'arme et évasion par violence. Le ministère public a réclamé lundi à son encontre la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Le verdict est attendu dans l'après-midi ou la soirée de mardi.

Le feu, décrit comme très violent et rapide, s'était déclaré le 20 janvier 2019 peu après 4 heures du matin dans L'Isba, une résidence vétuste abritant 57 travailleurs saisonniers à Courchevel. Une femme de 32 ans et un homme de 50 ans avaient succombé asphyxiés, et une vingtaine d'autres avaient été blessés en se défenestrant pour échapper aux flammes. Plusieurs témoins avaient fait état d'odeurs d'essence dans le bâtiment avant le sinistre et une arme à feu avait été retrouvée à proximité.

Culpabilité «artificiellement construite»

Ce mardi, les deux avocats de la défense se sont efforcés, près de trois heures durant, de convaincre les jurés que la «culpabilité» de Hicham Abderraouf dans cette affaire avait été «artificiellement construite» à partir d'une «rumeur» lancée par son ex-petite amie. La jeune femme, qui travaillait à l'époque comme saisonnière à Courchevel, habitait dans la résidence détruite par l'incendie et avait immédiatement mis en cause Hicham Abderraouf, avant de se rétracter. Cette rumeur «se propage très vite» et l'enquête a eu vite fait de se concentrer sur ce «coupable idéal», affichant par ailleurs des «manquements gravissimes» et négligeant les autres pistes potentielles, ont accusé les avocats de la défense.

De tous les protagonistes de la soirée, Hicham Abderraouf est le seul qui n'a «pas dévié d'un iota» de sa version originale, a fait valoir Me Ghais Bencharif. Au final, «je ne peux rien affirmer et vous non plus dans ce dossier», a-t-il lancé aux jurés. «Vous pouvez ne pas l'aimer mais vous ne pouvez pas le condamner parce que vous ne l'aimez pas. Respectez votre serment et acquittez-le !», les a-t-il enjoints.

L'enquête avait établi que l'accusé avait effectué plusieurs passages en voiture pendant la nuit devant la résidence, notamment quelques minutes avant l'apparition des premières fumées. Il était également présent à Courchevel lors d'un précédent incident quelques semaines plus tôt lors duquel de l'essence aurait déjà été répandue devant des portes de chambre à l'Isba.

L'affaire de Courchevel donnera lieu à un deuxième procès les 5 et 6 juin à Albertville (Savoie), visant cette fois le propriétaire de l'immeuble, accusé d'«homicide et blessures involontaires» et «hébergement de travailleurs dans un local non conforme».