Six Nations : face à l’Irlande, «on a besoin d’un arbitrage cohérent et équitable», réclame Fabien Galthié

Ressentez-vous la pression d’être très attendu pour ce match, le plus important depuis la Coupe du monde en France ?
Fabien Galthié : J’ai l’impression que ça fait 60 matchs que c’est le cas… Il n’y a pas eu une seule semaine facile. Que ce soit pour challenger les joueurs sur la composition d’équipe, les choix stratégiques de l’animation offensive et défensive par rapport à l’adversaire. Ça fait 60 fois que c’est tout aussi complexe. Chaque fois que l’on se présente, c’est le match le plus important parce que c’est celui à venir. Mais, c’est vrai que ce match est particulier parce qu’il a un enjeu particulier. Face à la meilleure nation européenne depuis quatre ans, la deuxième nation mondiale, voire la meilleure, qui joue chez elle. Depuis 2020, l’Irlande a joué 31 fois à domicile et s’est imposé 29 fois. Pour deux défaites, face à la France en 2021 et la Nouvelle-Zélande en novembre dernier. Ils sont en course pour le Grand Chelem, pour une troisième victoire consécutive dans le Tournoi. Ils sont toujours aussi puissants, organisés, performants. Le défi est donc immense. Mais relever un défi immense, c’est ce que l’on recherche. C’est passionnant. C’est ce qu’on souhaite vivre et revivre. Le reste, l’exposition et le jugement, on est prêt à le vivre.

Ce match est déterminant pour le Tournoi mais aussi pour la suite de votre mandat ? Ce serait un match référence en cas de succès.
Quoi qu’il arrive, ça ne changera rien sur notre vision. Elle est construite, structurée depuis six ans autour du développement des joueurs, de l’émulation. Mais vous parlez déjà des conséquences d’un match alors qu’on ne l’a pas encore joué. Jouons-le avec plaisir, avec joie, avec liberté et avec ambition, et on commentera la suite. Je sens que vous aurez beaucoup de questions en fonction du résultat. Pas de problème…

On veut mettre de la vitesse dans le jeu. On veut avoir notre mot à dire sur le tempo du match, sur son équilibre dans les phases clés. On a besoin pour cela du corps arbitral

Quelle va être votre stratégie pour tenter de vous imposer à l’Aviva Stadium samedi ?
Jouer notre rugby face à une équipe qui va tout faire pour nous en empêcher. On a besoin pour cela d’être accompagné par un cadre qui nous permette d’exploiter notre stratégie. À ce niveau-là, on attend un arbitrage déterminant, une cohérence dans la lecture, ce qui est toléré, ce qui n’est pas toléré. On a besoin d’une grande équité sur les points clés : les phases de conquête, la mêlée, les ballons portés... Et, surtout, une grande équité dans la lecture des ballons au sol. Parce qu’on veut mettre de la vitesse dans le jeu. On veut avoir notre mot à dire sur le tempo du match, sur son équilibre dans les phases clés. On a besoin pour cela du corps arbitral. Je me souviens du débat il y a deux ans de l’arbitrage-vidéo de l’essai de James Lowe (accordé alors qu’il n’était pas valable, NDLR). On a besoin de se sentir à l’aise dans ce contexte fantastique de l’Aviva Stadium. Ce sera la clé.

Souhaitez-vous commenter la différence de traitement par la commission de discipline entre l’Irlandais Garry Ringrose et Romain Ntamack ?
On a besoin d’équité. Sur le terrain, en dehors du terrain, sur l’arbitrage-vidéo. Partout. Mais ne comptez pas sur moi pour commenter les décisions après le match. Je préfère en parler avant.

Pour quelle raison renouvelez-vous le banc à 7 avants et un seul trois-quarts ?
Le choix de ce banc est lié au profil des joueurs que nous avons actuellement en équipe de France. Les plus compétitifs, dans les associations aussi. Je le répète, il y a toujours un risque avec ce banc en 7-1. Mais, à la lecture des performances depuis un certain temps, c’est ce qui nous semble le plus pertinent pour performer en Irlande. L’avoir tenté en Italie nous a donné une première expérience. On est plus affûté sur cette stratégie de coaching.

Romain Ntamack est de retour après un mois sans avoir joué pour cause de suspension. Ne craignez-vous pas qu’il manque de compétition ?
Il vous donnera la réponse samedi…

Damian Penaud effectue également son retour. Pourquoi et a-t-il compris le message de sa mise à l’écart ?
Mais c’est comme ça que ça se passe ! Théo (Attissogbe) a fait un très bon match en Italie. Et Damian fait son retour car il a un potentiel certain et qu’il est prêt à jouer contre l’Irlande.

Dernier retour, celui d’Emmanuel Meafou, mais comme finisseur. Pour quelle raison ?
D’abord du fait de la performance de très haut niveau de Mickaël Guillard en Italie. Ensuite, la complémentarité de ce dernier avec Atonio sur le côté droit et celle de Meafou avec Aldegheri en cours de match.

Je ne vois pas un maillon faible, une fragilité, dans ce joueur (Sam Prendergast) que vous citez.

Thomas Ramos est souvent considéré comme un entraîneur-joueur. A-t-il une marge de manœuvre sur le terrain ?
Quand ils rentrent sur le terrain, les joueurs sont en totale liberté. Bien sûr, il y a un cadre, une organisation, c’est le propre d’un sport collectif. Mais, dans ce cadre, les joueurs prennent des décisions qu’ils leur semblent pertinentes en toute liberté.

Sexton à la retraite, le jeune ouvreur Sam Prendergast est-il le maillon faible de cette équipe d’Irlande ?
Je ne vois pas un maillon faible, une fragilité, dans ce joueur que vous citez. Et puis on ne peut pas chercher un individu pour trouver une clé. Ça ne se passe comme ça. Ce serait à mon avis un mauvais choix de choisir un individu sur le terrain. Il est en plus bien accompagné. Et ce n’est surtout pas un maillon faible.

Que vous a apporté le passage de Thierry Henry ? Un peu de légèreté parce qu’il sait battre l’Irlande ?
Cet épisode-là n’a pas été léger pour lui... Je voulais d’abord remercier Antoine Dupont, c’est par son réseau qu’il a réussi à le faire venir. Et surtout remercier Thierry car il a été généreux, transparent. Il a donné beaucoup à l’ensemble de l’équipe, staff et joueurs. Il n’a pas voulu être filmé parce qu’il voulait se livrer. Il l’a fait avec beaucoup de franchise. On a beaucoup appris de son retour d’expérience. Je le remercie publiquement pour ce qu’il nous a donné. Et, hier (mercredi), il y avait Jonathan Cohen. Dans son style, il a aussi beaucoup donné. Tout ça nous aide à nous construire.

Propos recueillis en conférence de presse