Un milliardaire de Dubaï revendique le droit d’utiliser la marque James Bond

Les droits associés au nom de l’agent 007 pourraient-ils changer de mains ? Les propriétaires actuels de la franchise James Bond, Danjaq et EON Productions, font l’objet d’une attaque juridique venant des Émirats arabes unis, rapporte The Guardian . Menée en Europe le 27 janvier dernier et plus récemment au Royaume-Uni, elle est le fait d’un riche promoteur immobilier autrichien, localisé à Dubaï. 

Ce dernier veut ainsi profiter d’une finesse de droit qui stipule qu’en cas « d’absence d’utilisation de la marque » pendant plusieurs années, – en l’occurrence le dernier Bond Mourir peut attendre est sortie en 2021 -, l’usage du nom et de ses dérivés marketing serait de nouveau disponible.

Dit en termes plus juridiques, cela signifie qu’en vertu du droit britannique et européen, si un nom de marque est apposé sur certains produits, mais que le propriétaire ne l’exploite pas à des fins commerciales pendant une période d’au moins cinq ans, sa propriété peut être contestée juridiquement. L’ambitieux Josef Kleindienst, promoteur immobilier milliardaire, est actuellement en train de construire un luxueux complexe hôtelier estimé à 5 milliards de dollars, nommé « Hearth of Europe » (Cœur de l’Europe), qui s’étend sur six îles artificielles au large de Dubaï, et dans lequel il voudrait bien utiliser le nom de James Bond et certaines de ses déclinaisons.

« Bond, James Bond » parmi les revendications

« Il a fait remarquer à l’Union Européenne que la marque n’a pas été utilisée pour les biens et services qu’elle protège, et il est probable qu’il ait interpellé la justice britannique pour les mêmes raisons », explique au Guardian Mark Caddle, associé et conseillé en brevets au sein du cabinet européen de propriété intellectuelle Withers & Rogers.

« C’est difficile de savoir ce qu’il manigance [...] Il doit avoir un motif »

Mark Caddle

Le recours de Josef Kleindienst, dont l’empire économique Kleindienst Group se présente comme le plus grand promoteur immobilier européen aux Émirats arabes unis, ne viserait pas la production cinématographique de James Bond. L’Autrichien reproche à la franchise la non-utilisation de la marque James Bond dans le secteur de l’automobile, des programmes informatiques et bandes dessinées digitales, dans le design, ou encore dans les restaurants, les services de bar à cocktails et l’hébergement. Le milliardaire, qui rêve peut-être de créer des «resorts» à la gloire du super-espion voudrait une razzia juridique sur les noms de domaines associés à Bond: James Bond Special Agent 007, James Bond 007, James Bond, James Bond : World of Espionage et, plus étonnant encore, la célèbre phrase « Bond, James Bond ».

Danjaq a deux mois pour se défendre

Un porte-parole du milliardaire a affirmé au Guardian qu’une « annonce serait faite prochainement ». Mark Caddle précise que Danjaq, la société américaine, filiale de EON Productions, qui possède les droits de James Bond à l’international, « dispose de deux mois pour présenter sa défense ». « Si Danjaq veut maintenir ces marques en vie, elle devra engager une action auprès de l’office des marques pour démontrer qu’elle a utilisé James Bond dans les domaines contestés au cours des cinq dernières années », poursuit l’avocat britannique.

Si Danjaq n’arrive pas à prouver son utilisation de la marque James Bond, elle pourrait alors perdre ses droits et Josef Kleindienst pourrait utiliser le nom aux Émirats arabes unis. Le milliardaire autrichien disposerait également des droits britanniques et européens de la marque, mais nul ne sait ce qu’il compte en faire. « C’est difficile de savoir ce qu’il manigance [...] Il doit avoir un motif », remarque Mark Caddle. Le porte-parole de Josef Kleindienst a, lui, simplement annoncé qu’il comptait « s’en servir ».