Le débat est vieux comme la littérature: faut-il distinguer l’œuvre de l’écrivain? L’exhumation des manuscrits inédits de Céline a remis au goût du jour la question. C’en était trop pour Jérôme Garcin. «Le dégoût est toujours de bon goût et l’odieux a, répète-t-on volontiers, du génie», écrit-il dans un court essai qui peut se lire comme un pamphlet, Des mots et des actes. Son livre est une visite des belles-lettres sous l’Occupation. En plus des manuscrits de Céline, Garcin remarque qu’avant Céline, la France littéraire n’en finissait pas de se pâmer pour les écrivains collaborationnistes: on rééditait Brasillach, Rebatet, Morand… «Paris fêtait le grand retour en librairie des proscrits, des indésirables et des expatriés à Sigmaringen», souligne-t-il. Ce n’est pas tant la réédition de leurs œuvres qui interroge l’ancien animateur du «Masque et la Plume», mais une sorte de réhabilitation accompagnée d’une certaine amnésie.
Jérôme Garcin le reconnaît: il a longtemps pratiqué la politique…