Pour Donald Trump, l'Ukraine "n'a aucune carte en main" dans les négociations avec la Russie
Nouvelle salve de propos de Donald Trump à l'encontre de Volodymyr Zelensky et de l'Ukraine. Le président des États-Unis a jugé, vendredi 21 février, que la présence du président ukrainien aux négociations avec la Russie n'est "pas importante", et que l'Ukraine ne dispose de toute manière d'"aucune carte en main" face au Kremlin.
"J'ai eu de très bonnes discussions avec [le président russe Vladimir] Poutine, et j'ai eu des discussions pas aussi bonnes avec l'Ukraine. Ils n'ont aucune carte en main, mais ils la jouent dur", a déclaré Donald Trump. "Nous n'allons pas laisser cela continuer."
Quant à Volodymyr Zelensky, "cela fait trois ans qu'il est en réunion et rien n'a été fait", a déclaré le président américain lors d'un entretien avec Fox Radio. "Je ne pense donc pas qu'il soit très important pour participer à des réunions."
Ces déclarations, qui suivent de peu une première série d'invectives virulentes de Donald Trump qui avaient suscité une vive réaction de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens, interviennent au moment où la visite de l'émissaire du président américain en Ukraine, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation.
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Volodymyr Zelensky avait dit avoir eu avec Keith Kellog des échanges "productifs", notamment sur les garanties de sécurité pour l'Ukraine. L'émissaire américain avait confirmé vendredi avoir eu une discussion "positive" avec Volodymyr Zelensky, "le dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre".
L'accord sur les minerais stratégiques encore en négociation
Le gouvernement allemand, après un entretien entre Volodymyr Zelensky et le chancelier Olaf Scholz, a de son côté à nouveau souligné que Kiev et Berlin s'entendaient sur le fait que "l'Ukraine devait être à la table des discussions et que les questions de sécurité en Europe devaient être discutées conjointement avec les Européens".
L'Afrique du Sud, qui vient d'accueillir une réunion du G20 boudée par les États-Unis, a également souligné que les négociations sur l'Ukraine devaient impliquer "toutes les parties".
La nouvelle charge de Donald Trump contre le président ukrainien intervient aussi au moment où la pression redouble pour amener Kiev à coopérer avec les États-Unis, notamment sur l'exploitation des minerais stratégiques ukrainiens.
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Le président américain avait annoncé, début février, vouloir négocier un accord avec l'Ukraine pour obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques en échange de l'aide américaine déjà livrée.
Cette proposition d'accord, qualifiée de "colonisation" par certains médias occidentaux, a été rejetée par Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien a souligné que son pays n'était "pas à vendre" et a réitéré sa contre-proposition consistant à négocier des "investissements" américains en échange de "garanties de sécurité" face à la Russie.
Mais vendredi, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant à ce sujet. "Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine", a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.
Un haut responsable ukrainien a indiqué vendredi à l'AFP que l'Ukraine et Washington continuaient les négociations sur un accord concernant l'exploitation des minerais stratégiques ukrainiens.
À l'issue d'un entretien téléphonique avec le président polonais Andrzej Duda, Volodymyr Zelensky a lui aussi souligné vendredi que le dialogue avec Washington se maintenait. "Une paix solide et durable ne peut être obtenue que par l'unité", a-t-il écrit sur X.
Le président polonais, proche de l'opposition nationaliste du parti Droit et Justice (PiS), a de son côté suggéré à son homologue ukrainien de "coopérer" avec Donald Trump.
Avec AFP