Avec Cécile Kohler et Jacques Paris, l'Iran utilise une nouvelle fois la diplomatie des otages
Emprisonnés depuis plus de trois ans, les deux Français, jusqu'ici poursuivis pour espionnage, sont également poursuivis pour "complot pour renverser le régime" et "corruption sur terre", ont indiqué à l'Agence Radio France une source diplomatique française et la sœur de Cécile Kohler, mercredi 2 juillet au soir. Il s'agit d'accusations lourdes, passibles de la peine capitale en Iran. Les autorités françaises dénoncent des détentions arbitraires qui atteignent leur paroxysme et parlent de "diplomatie des otages". Quelques jours après la fin de l'offensive israélienne et américaine sur le pays, il est difficile de ne pas y voir une manœuvre du régime de Téhéran pour faire pression sur la diplomatie française, qui n'a pas encore officiellement réagi. Ni l'Élysée, ni le quai d'Orsay n'ont, à ce jour, communiqué, mais une source diplomatique dénonce des "motifs d’inculpation totalement infondés, s’ils sont confirmés".
"Aucune sentence ne nous a été communiquée et n'a été prononcée à notre connaissance", précise cette source, qui rappelle, d'ailleurs, que la France a toujours démenti les accusations d'espionnage visant ses ressortissants et qu'elle avait saisi la Cour Internationale de Justice le en juin en accusant Téhéran d'arrêter des Français sans raison et de les emprisonner dans des conditions indignes. Au moins sept Français ont ainsi été détenus dans le pays ces dernières années et si cinq ont été libérés, la pression s'est très fortement accentuée depuis la guerre éclair lancée par Israël au mois de juin.
Quelque 1153 de jours de détention
La répression s'est accrue ces derniers jours avec une vague d'arrestations de ressortissants européens accusées, à l'instar de Cecile Kohler et Jacques Paris, de coopération avec Israël. l'État hébreu a bombardé, le 23 juin dernier, la prison d'Evin, haut lieu de la répression du régime des mollahs, où ils étaient détenus. C’est là-bas que la plupart des prisonniers politiques croupissent en cellule, précisément dans la section 209, également réservés aux ressortissants étrangers. C’est dans l'aile tristement célèbre de cette prison de Téhéran que Cécile Kohler, 40 ans, et Jacques Paris, 72 ans, sont détenus depuis trois ans. Le bombardement du site qui a fait 79 morts faisait planer une grande incertitude quant à leur sort.
Après 10 jours d'une insupportable attente, ce n'est que mardi 1er juillet qu'une visite consulaire a permis aux familles de Cecile Kohler et Jacques Paris d'obtenir une preuve de vie de leur proche, quelques heures, seulement, avant d'apprendre qu'ils étaient visés par des accusations plus graves après, désormais, 1153 jours de détention.