Quatre mois après l'avoir rétrogradée d'un cran, l'agence de notation Moody's n'a finalement pas actualisé la note de la France vendredi. «Aucune action n'a été prise au sujet de la note de la France», a confirmé à l'AFP l'agence de notation après la publication dans la soirée d'un document annonçant l'achèvement de la révision périodique de notation pour la France.
«Le gouvernement reste fragile et ne dispose pas d'une majorité claire au Parlement. De ce fait, l'incertitude concernant l'orientation politique à moyen terme du gouvernement, en particulier la manière dont il entend réduire le déficit budgétaire toujours élevé de la France en 2026 et au-delà, reste élevée», écrit l'agence de notation dans un document publié vendredi.
La note de la dette publique française avait été abaissée de «Aa2» à «Aa3» en décembre, au vu de la «fragmentation politique» du pays, peu propice selon Moody's au rétablissement rapide des finances publiques.
C'est l'équivalent du «AA-» de Fitch et S&P mais, contrairement à la perspective négative de ces dernières, la perspective stable attribuée par Moody's suggère qu'une nouvelle révision n'est pas envisagée à plus ou moins brève échéance.
Depuis le revers de décembre, la France s'est dotée d'un budget pour 2025 prévoyant une cinquantaine de milliards d'euros d'effort, renforcé cette semaine par cinq milliards supplémentaires puisés dans des crédits mis en réserve, tandis que la menace d'une censure du gouvernement s'est momentanément éloignée.
Le gouvernement détaille sa trajectoire budgétaire mi-avril
Mais le risque économique s'est accru avec la tempête commerciale déclenchée par le gouvernement américain le 2 avril, puis temporairement suspendue mercredi pour 90 jours - sauf avec la Chine.
Citant des «incertitudes», le ministre de l'Économie Éric Lombard a abaissé à 0,7% la prévision gouvernementale de croissance pour 2025, contre 0,9% auparavant et après 1,1% en 2024, l'alignant sur celle de la Banque de France.
Ce taux de croissance pourrait-il à nouveau être raboté? «Si on réussit à faire baisser les droits de douane» - une surtaxe de 20% pour l'Union européenne ramenée à 10% mercredi - «on peut même avoir mieux, et sinon, nous verrons», a éludé le ministre.
Le gouvernement détaillera sa trajectoire budgétaire le 15 avril, lors d'une conférence sur les finances publiques autour du Premier ministre François Bayrou.
L'exécutif a réaffirmé sa volonté de réduire le déficit public à 5,4% du PIB cette année, après 5,8% en 2024, pour être sous le plafond européen de 3% en 2029, une ambition qui maintient toutefois la France parmi les cancres de la zone euro.
Cela relève de la gageure, estiment des économistes, alors que le gouvernement exclut d'augmenter à nouveau les impôts - en dehors du passage en revue des niches fiscales - et ne veut faire «ni plus (...) ni moins» que ce qui est inscrit au budget en termes de dépenses.