À peine étouffées par le brouhaha de la circulation, des détonations résonnent. Sous le soleil déclinant de ce 14 septembre 2010, peu après 20h, Samy Souied s’écroule devant le Palais des Congrès de la Porte Maillot. Le tireur casqué s’approche du quadragénaire étendu sur le trottoir et l’achève de plusieurs balles à bout portant avant de prendre la fuite à scooter. Le tueur vient d’exécuter l’une des trois figures de la désormais célèbre fraude à la «taxe carbone» . Entre 2008 et 2009, Samy Souied, Marco Mouly et Arnaud Mimran ont détourné près de 300 millions d’euros à l’État français. Cette vaste arnaque, qualifiée de «casse du siècle», est devenue le terreau d’une série de meurtres sanglants.
Uni dans la course au magot, le trio s’est disloqué au gré de jalousies, d’entourloupes et d’endettements colossaux. La rumeur a rapidement désigné le flambeur golden-boy Arnaud Mimran comme le commanditaire de l’exécution de son ancien associé. Acculé par des créances insurmontables, gonflé par «un sentiment de toute-puissance» selon les expertises psychiatriques, l’enfant des beaux quartiers acoquiné au milieu du crime organisé aurait également fomenté l’assassinat de son ex-beau-père, le milliardaire Claude Dray, le meurtre d’Albert Taïeb, dommage collatéral de la tentative d’homicide sur l’escroc Cyril Mouly, cousin de Marco. Des faits qu’il récuse totalement. Quinze ans plus tard, alors que les exécutants directs n’ont pu être identifiés, le parquet de Paris a requis mi-février le renvoi du trader déchu devant une cour d’assises. Le Figaro dévoile les dessous de ces crimes dans lesquels sang et gros sous s’entremêlent.