Après les sanctions décidées par les Etats-Unis et l'Union européenne contre la Russie, nouvelle démonstration de force des alliés de l'Ukraine, vendredi 24 octobre : la "coalition des volontaires" se réunit à Londres, en présence du président Volodymyr Zelensky, pour discuter de nouvelles livraisons d'armes de longue portée. Les dirigeants européens ont par ailleurs demandé jeudi à la Commission d'explorer les moyens de financer l'Ukraine sur les deux années à venir, et pour cela, il est question d'utiliser les avoirs russes gelés. Mais plusieurs pays de l'UE expriment encore des réserves.
Parmi les Etats les plus réticents, figure la Belgique, car la grande majorité des avoirs russes gelés en Europe, environ 200 milliards d'euros, se trouvent aujourd'hui domiciliés dans une société financière belge dénommée Euroclear. Ce sont surtout les représailles russes, en cas d'utilisation de ces avoirs pour soutenir l'Ukraine, que craint la Belgique.
Le soutien à l'Ukraine, d'accord, précise le Premier ministre Bart De Wever, mais à condition que les Vingt-Sept ne laissent pas son pays en première ligne face à la Russie de Vladimir Poutine. "Il nous faut une mutualisation des risques, parce qu'on risque de voir la Russie lancer des recours pour des dizaines, voire des centaines de milliards d'euros. C'est dangereux. Il y a d'autres pays où il y a aussi des avoirs gelés, et ils n'en ont jamais parlé. Donc il faut de la transparence, qui a combien ?"
"Et si on bouge, on bouge tous ensemble. Sinon, on risque de voir la vengeance russe se focaliser sur la Belgique, et la vengeance peut être très concrète. Ils peuvent saisir des entreprises belges en Russie. Les Russes vont réagir."
Bart De Wever, Premier ministre belge
Un message entendu par les autres Etats membres de l'Union européenne, qui veulent se donner un délai supplémentaire. Ils donnent mandat à la Commission pour leur faire une nouvelle proposition d'ici décembre. L'idée de ce prêt mobilisant des avoirs gelés russes n'est pas enterrée, précisait encore Emmanuel Macron jeudi soir. Mais le Conseil européen souhaite aussi explorer d'autres pistes en parallèle et demander à la Commission de sécuriser le dispositif d'un point de vue juridique.
La nécessité d'un fondement juridique clair
C'est ce que souligne le Premier ministre belge : il faut un fondement juridique clair. Un prêt ainsi gagé sur des avoirs gelés n'a jamais été imaginé auparavant, c'est une première. Même pendant la Seconde Guerre mondiale, souligne la Belgique, qui semble presque prendre au mot ses partenaires européens. Eux se sont toujours déclarés soucieux de montrer leur attachement au strict respect du droit international pour ne pas pouvoir être accusés par la Russie de spolier ses actifs gelés. Question de crédibilité, aussi, auprès de l'ensemble des investisseurs internationaux qui doivent pouvoir continuer à faire confiance au système financier européen.