Turquie : les responsables d'Instagram convoqués par les autorités après quatre jours de blocage

Les responsables d'Instagram en Turquie doivent rencontrer ce lundi 5 août le ministre de tutelle du réseau social, après quatre jours de blocage de la plateforme par les autorités pour des raisons encore mal élucidées. Le ministre des Transports et des Infrastructures turc, Abdulkadir Uraloglu, a annoncé sur X sa rencontre prévue dans l'«après-midi» avec les responsables de la plateforme. «Nous espérons qu'ils feront le nécessaire pour répondre à nos demandes. Nous espérons des évolutions positives», a indiqué le ministre.

Il explique avoir «bloqué l'accès (à Instagram, NDLR) en raison des politiques mises en œuvre dans le cadre des délits de contenu», sans autre précision. «La semaine dernière, une réunion a eu lieu avec les responsables de la plateforme. Lors de la rencontre, nos sensibilités concernant le respect des lois de la République de Turquie ont été exprimées», ajoute-t-il.

«Insultes envers Atatürk»

La décision de fermer l'accès à Instagram avait été annoncée vendredi matin par l'Autorité turque des technologies de l'information et des communications (BTK), sans explication. Un responsable du BTK, s'exprimant sous couvert d'anonymat, avait fait ensuite référence à une réglementation permettant de bloquer des «contenus criminels», citant des «insultes envers Atatürk» - le père de la Turquie contemporaine Mustafa Kemal -, et «une série de délits» allant «des jeux à la drogue» ou aux violences sexuelles «sur les enfants».

«Notre pays a des valeurs et des sensibilités. Malgré nos avertissements, ils n'ont pas pris en considération les contenus criminels», avait ensuite justifié Abdulkadir Uraloglu. «Lorsqu'ils respecteront nos lois, l'interdiction sera levée», avait-il ajouté.

Coup dur pour le commerce en ligne

Selon les médias turcs, Instagram compte 50 à 60 millions d'abonnés en Turquie, parmi 85 millions d'habitants. La suspicion de censure était aussitôt apparue vendredi après des critiques exprimées par le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun. Ce dernier avait affirmé que la plateforme «empêch(ait) les gens de publier des messages de condoléances pour le martyre du (chef du Hamas Ismaïl) Haniyeh».

Selon le vice-président de l'Association des opérateurs du e-commerce, Emre Ekmekçi, le blocage d'Instagram risque de coûter 1,9 milliard de livres turques, soit près de 57 millions de dollars, par jour au pays. Selon lui, 10% du commerce en ligne en Turquie s'effectue via les plateformes et les réseaux sociaux, soit 930 millions de livres turques (25,5 millions d'euros) par jour.